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A Paris, le service, sera plus facile, et par suite les résultats en seront plus heureux encore. Si les opérations sont bien pratiquées, si le transport des blessés est fait promptement, si une sévère hygiène est observée dans les ambulances, la mortalité pourra être réduite considérablement. Les blessés seront disséminés le plus possible ; outre les grandes ambulances des Tuileries, du Luxembourg, du Palais de l’industrie, du Val-de-Grâce, etc., où une active ventilation ne fera pas défaut, on construit d’immenses baraquemens sur le terrain de l’ancienne pépinière du Luxembourg, tout près du jardin actuel. Plusieurs des hôpitaux-civils de Paris possèdent également dans leurs jardins des baraques et des tentes bien isolées et destinées aussi à servir d’abri aux opérés. Les ambulances municipales ne manquent pas. Enfin un grand nombre de particuliers ont organisé des ambulances sur plusieurs points de la ville, et beaucoup ont mis dans leur propre demeure un certain nombre de lits à la disposition des blessés. Il serait à souhaiter que les jardins fussent affectés aux besoins du traitement chirurgical. L’autorité pourrait en désigner d’office un certain nombre. Enfin nous pensons qu’on devrait accueillir, avec empressement l’offre de tous ceux qui donnent chez eux deux, trois, quatre lits pour les blessés, et reconnaître à leur maison la qualité d’ambulance. — L’administration exige pour cela un minimum de six lits ; c’est une entrave fâcheuse apportée à la bonne volonté des citoyens. On dit qu’il ne faut pas abuser du drapeau de l’Internationale, sans quoi nos ennemis en viendraient à considérer comme mon avenus les privilèges qu’il confère. Cette raison n’en est pas une, attendu que, si les Prussiens bombardent Paris, ils ne distingueront guère que les drapeaux situés sur les édifices très élevés. Le drapeau blanc ne peut servir qu’au cas peu probable où l’ennemi entrerait dans la ville, et alors on ne saurait sauvegarder trop de maisons, si tant est qu’un pareil signe lui impose le respect. Quoi qu’il en soit, nous avons dès à présent dans Paris assez d’ambulances bien aménages pour recevoir tous les blessés qui arriveront soit du champ de bataille, soit des forts, soit des remparts. Il est à présumer de plus que tous ceux qui pourront se faire soigner dans leur famille le préféreront.

Outre les soins de propreté vulgaire que les ambulances exigent plus que tout autre local, elles réclament une ventilation et un assainissement continuels. Il ne faut pas craindre d’ouvrir largement les portes et les fenêtres, d’y établir de larges courans d’air la nuit aussi bien que le jour. D’autre part, les murs, les plafonds, le sol, doivent être lavés avec de l’eau phéniquée. De fréquentes ablutions doivent être faites aux blessés, et leur linge de corps, de lit et de pansement doit être changé plusieurs fois par jour. Des fumigations chlorées seront établies partout où se dégagent des gaz délétères. De telles pratiques ne sauraient être trop multipliées, et il ne faudrait pas hésiter, dès le moindre symptôme d’infection, à faire évacuer l’ambulance. Il semble