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kilomètres[1], longueur qui représente treize fois environ celle du méridien terrestre. Si on la rapproche de la superficie du territoire français (54 millions d’hectares) et du chiffre de la population (38 millions d’habitans), on voit qu’elle correspond à 10 mètres par hectare et à 10 mètres par habitant. En n’envisageant que la longueur parvenue à l’état d’entretien, on obtient 6 mètres par hectare, 8 mètres par habitant ; mais ces moyennes générales présentent des différences très sensibles, si l’on compare entre eux les divers départemens. Pour ne parler que des chemins à l’état d’entretien, on voit varier la longueur de moins de 1 mètre par hectare (Basses-Alpes, Corse, Pyrénées-Orientales, Savoie), à plus de 10 mètres (Eure, Seine-Inférieure, Somme), et ce rapport concorde en général avec le degré de développement de la richesse agricole. Les variations ne sont pas moindres, mais elles donnent lieu à des rapprochemens beaucoup plus inattendus, quand on compare la longueur des chemins construits avec le chiffre de la population ; c’est ainsi que l’on rencontre des rapports presque identiques (3 mètres environ par habitant) dans deux départemens aussi dissemblables que la Haute-Savoie et le Nord, le premier n’ayant qu’un réseau très limité avec un nombre d’habitans très restreint, et le second possédant un réseau qui présente un développement cinq fois supérieur, mais qui correspond à une population beaucoup plus dense.

Indépendamment des lignes auxquelles un acte de l’autorité publique attribue le caractère de chemins vicinaux, et auxquelles la loi affecte les ressources que nous indiquerons tout à l’heure, nos campagnes sont sillonnées d’une multitude de voies de communication secondaires, et, si le sujet que nous traitons comportait de telles images, la question des chemins pourrait être comparée à ces vastes plaines qui permettent au voyageur de découvrir, au-delà des premiers plans, des perspectives presque indéfinies : elle ouvre à l’administrateur des horizons qui s’agrandissent sans cesse. A peine l’achèvement des chemins vicinaux est-il décidé, qu’on commence à se préoccuper des chemins ruraux, c’est-à-dire de ces petits

  1. Cette longueur se décompose ainsi :
    kilomètres
    Chemins de grande communication 85,000
    Chemins d’intérêt commun 82,000
    Chemins vicinaux ordinaires 384,000
    Total. 551,000 kilomètres


    Si on y ajoute la longueur des routes impériales (38,000 kilomètres), et des routes départementales (49,000 kilomètres), on arrive, pour l’ensemble des voies de communications terrestres de la France, à un développement total de 638,000 kilomètres, non compris 24,000 kilomètres de chemins de fer concédés au 31 décembre 1868.