Page:Revue des Deux Mondes - 1870 - tome 88.djvu/925

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bestiaux, car les tiges, quoique hautes de 1 à 2 mètres, sont moelleuses, tendres ; elles sont surtout précieuses, si on les hache, si on les écrase, si on les mêle à des produits herbacés, aqueux, pulpeux. Elles dessèchent ces produits, et deviennent elles-mêmes aqueuses et tendres. — N’oublions pas de mentionner le dahlia. Les amateurs lui reprochent de prendre trop de développement ; pour eux, les variétés naines sont les plus estimées. Celles-ci ne conservent pas longtemps leur caractère, et ce défaut de grandir trop facilement, qui semble propre à la plante, est une précieuse qualité au point de vue qui nous occupe. Toutes les parties du dahlia sont alimentaires. Les porcs surtout en mangent avec avidité les fleurs et les tubercules ou bourgeons souterrains. Nous les avons utilisés à l’école d’Alfort, et nous les avons vu utiliser en Angleterre, où ils contribuent partout à embellir le petit jardin que chaque habitant des villages et des petites villes a devant sa maison.

Les vignes, les treilles, fournissent des pampres, que l’on enlève en ébourgeonnant, et que l’on utilise avec grand avantage au printemps et en été pour la nourriture des animaux. Les cultivateurs du Mont-d’Or lyonnais ramassent les feuilles de vigne avec soin après les vendanges ; ils les tassent fortement dans des fosses en bétons en planches ou en maçonnerie, les y disposent par couches à mesure qu’ils les ramassent, et répandent sur chaque couche du sel, quelquefois des baies de genièvre. Quand la fosse est pleine, ils couvrent les feuilles de planches sur lesquelles ils mettent de grosses pierres pour qu’elles soient fortement pressées. Cette nourriture sert à alimenter en partie, les chèvres qui donnent l’excellent fromage du Mont-d’Or jusqu’au mois de mars ou d’avril. Les feuilles de vigne sont très riches en azote ; on les donne avec profit aux vaches laitières. Le bois de la vigne, les sarmens, peuvent même être utilisés comme aliment ; depuis un demi-siècle, toutes les fois qu’il y a eu disette de fourrages, on en fait consommer par les animaux, et dernièrement un industriel nous en a présenté des échantillons qui avaient été réduits à l’état presque pulvérulent. Il suffit du reste de les hacher, de les écraser, et de les faire macérer vingt-quatre heures avant de les administrer, surtout si on les mêle à d’autres alimens. Pourquoi ne couperait-on pas après les vendanges, avant la maturité du bois, le sommet des sarmens, pendant que les feuilles y adhèrent encore ? On obtiendrait ainsi, sans nuire à la vigne, un fourrage que tous les animaux prendraient avec plaisir. La taille définitive se ferait après l’hiver, comme à l’ordinaire. Cette pratique rapporterait plus que celle que l’on met en usage dans le Mont-d’Or lyonnais. Mentionnons encore le marc de raisin, qui, même après avoir été distillé, peut être avantageusement mêlé à d’autres alimens : les pépins sont riches en corps gras et en