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ainsi, sans nuire à la récolte principale, avoir une nourriture salubre, rafraîchissante, propre à maintenir en santé les animaux qui vivent dans les pâturages desséchés en grande partie, qui broutent les arbustes des haies, et ceux qui sont conduits dans les forêts.

Les cultivateurs devront aussi en automne se préoccuper du printemps 1871. La nourriture sera rare cet hiver. Les choux, le colza, sont les fourrages les plus précoces ; mais ces plantes ne sauraient former la base de l’alimentation des animaux d’une ferme. Il faut compter principalement sur le seigle d’abord, sur un mélange de vesces et d’une céréale, sur le trèfle farouch, dont l’utilité est bien connue. Semé à la fin de l’été, le seigle peut fournir une coupe avant l’hiver et donner encore une très abondante récolte dans le mois d’avril suivant. Généralement on sème la vesce avec le seigle, ce dernier devant servir de rame à la plante légumineuse. Il est très convenable pour cette destination ; mais, en raison de sa précocité, il est épié et déjà dur quand la vesce est bonne à faucher, et il ne peut pas être consommé par les animaux. Le blé présente à cet égard un grand avantage. Il sert également de soutien à la vesce, est assez rustique pour résister au froid de l’hiver, et il fournit par lui-même, quand on fauche le mélange, un excellent aliment pour tous les animaux. Le prix plus élevé de la semence ne doit pas le faire exclure ; la dépense est largement compensée par le produit que l’on obtient.

Le cultivateur sait quelles sont les plantes qui réussissent le mieux dans chacune des parties du sol qu’il cultive ; nous n’avons rien à lui apprendre sur ce point. Nous tenons seulement à lui donner la volonté d’essayer encore, au lieu de se laisser aller au découragement, comme semblent le faire quelques écrivains agricoles. Il est encore temps, nous le répétons, de faire des semailles dans la plupart des terres ; quelques orages peuvent nous faire espérer un temps plus favorable, et ce serait une très grande faute, dans les conditions où nous sommes, de négliger d’ensemencer, de ne pas compter sur l’automne pour obtenir quelques produits fourragers. Si la terre, échauffée par cet été tropical, vient à être un peu humectée, elle sera en excellente condition pour produire vite et bon. Du resté, pour la plupart des plantes que nous conseillons, maïs, millet, sorgho, le prix de la semence est insignifiant : une graine produit une tige haute et très feuillée qui, même en supposant une réussite moyenne, paie largement l’avance faite à la terre.


II

Nous avons dit qu’il faut en second lieu utiliser le mieux possible les alimens que l’on a l’habitude de faire consommer, et introduire même dans l’alimentation du bétail des plantes et des résidus