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la mortalité ne fut que de 39 pour 1,000 ; ce fut notablement moindre l’année suivants. Le signe le plus frappant de l’excellent état sanitaire de cette armée, c’est l’absence totale d’épidémie quelconque. Le typhus, qui avait dévoré notre armée à Mayence au retour de la campagne de 1813, qui bientôt devint notre principal fléau en Crimée, ne s’est pas montré dans les établissemens hospitaliers de l’armée du nord, non plus que la pourriture d’hôpital.

Les faits qui précèdent ayant été rendus publics, un devoir s’impose à tous les gouvernemens qui ont un grand état militaire, c’est de se mettre en mesure d’obtenir les mêmes résultats dans les guerres qu’ils pourraient avoir. Nous croyons servir l’intérêt du pays en demandant au gouvernement qu’il fasse connaître ce qu’il a préparé en ce genre, comment il a profité des tristes enseignemens de la guerre de Crimée, où la maladie a rempli des ossemens de nos soldats les cimetières de Sébastopol et de Constantinople, quel parti il a tiré des indications que lui ont fournies avec un zèle infatigable les habiles et savans médecins placés à la tête du service de santé dans nos armées, MM. Michel Lévy, Baudens, Scrive et leurs divers collaborateurs, dont les noms sont cités, à la suite de leurs réclamations trop significatives, par le docteur Chenu. Toutes ces autorités médicales lui ont adressé des rapports faits pour son édification, et quelques-uns ont publié des écrits qui sont de patriotiques appels à l’opinion publique. Un ordre du ministre et un ordre de l’empereur lui-même sanctionnèrent leurs conseils. Comment aussi entend-on faire profiter nos soldats de ce que lui ont rapporté du service de santé des États-Unis les officiers intelligens qu’il avait envoyés en Amérique après la guerre, et les observateurs qui ont pris mandat de leur patriotisme ou de leur humanité ? Les modèles de beaucoup d’appareils utiles imaginés par les Américains sont venus s’offrir d’eux-mêmes. C’est ainsi qu’une partie des types du matériel créé par la Commission sanitaire des États-Unis pour le déplacement ou le soulagement des blessés figurait à l’exposition universelle de Paris de 1867, et a été décrite sommairement dans le rapport du jury, plus en détail dans des publications spéciales, particulièrement par le docteur Evans, qui les avait exposés. On y remarquait surtout un wagon-ambulance, fait pour transporter doucement, dans la position horizontale, les blessés, aujourd’hui plus nombreux qu’autrefois, qui, par la nature de leurs atteintes, ne supportent pas une autre pose. Ce wagon est encore à Paris.

La demande dont nous nous faisons aujourd’hui l’organe, parce qu’elle préoccupe justement une partie du public qui n’est pas la moins éclairée, la moins étrangère à l’esprit de parti, n’est indiscutable à aucun degré. Dans, une de nos assemblées, le sénat, en