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LES
HOMMES D'ETAT
DE L'ANGLETERRE

WILLIAM EWART GLADSTONE.

On n’a pas eu souvent de spectacles politiques d’un intérêt plus sérieux que celui qu’offre aujourd’hui l’Angleterre. En moins de trois ans, il s’y est accompli une réforme qui, en créant d’un seul coup 1,119,000 électeurs nouveaux, dont plus de 800,000 dans les bourgs, modifie d’une manière profonde la source de l’autorité publique ; l’établissement de l’église d’Irlande a disparu pour faire place à l’égalité religieuse ; enfin la chambre des communes vient de soumettre la propriété foncière dans ce pays à un régime nouveau qui pourrait bien contenir en germe une révolution sociale.

Ainsi l’énorme vaisseau, si longtemps immobile sur ses deux ancres, l’aristocratie et l’église, s’ébranle, ou, pour mieux dire, vogue à pleines voiles. Un des hommes qui lui ont donné l’élan et qui lui servent en ce moment de pilotes est le très honorable William Ewart Gladstone, premier lord de la trésorerie, membre de l’Institut de France, administrateur de la Galerie nationale des portraits de Londres, etc. Ces titres, et beaucoup d’autres que j’y pourrais joindre, indiquent des aptitudes fort diverses dont je ne m’occuperai point. Sans parler de l’amateur et du lettré, je me propose, et c’est bien assez, d’exposer et d’apprécier les travaux qui ont signalé la carrière de l’homme d’état.

Quelqu’un que l’expérience des contradictions de la nature