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sous l’apparente stérilité de leurs détails. La Revues, déjà donné en partie l’exposé des travaux de physique, de chimie et de physiologie qui rentrent dans cette catégorie d’œuvres hardies et grandioses. Il a paru qu’on pouvait mettre aujourd’hui le lecteur au courant de ce que les anatomistes ont fait dans cette direction.

Si chacun a dans son bagage des notions relatives à la conformation des principaux viscères animaux, peu de personnes, même parmi les plus éclairées, soupçonnent l’intérêt puissant et la portée des connaissances touchant la composition intime des organes, la structure et le développement de leurs parties les plus profondes et les plus fines, les propriétés singulières des corpuscules infiniment petits dont l’agrégation constitue les êtres vivans. Les problèmes de la vie apparaissent dans ces études avec toute leur grandeur, tout leur mystère et tout leur attrait. Les muettes révélations du microscope y sont associées au langage éloquent de l’expérimentation sur les animaux. La chimie la plus compliquée y vient en aide à une dialectique qui, pour être positive, n’en est que plus pénétrante. Enfin la médecine, sous peine de stagnation, est condamnée à chercher là le mot des énigmes que l’empirisme n’a pu découvrir. C’est assez dire tout l’intérêt que peut offrir un exposé d’ensemble de l’état actuel de l’anatomie générale, à l’avancement de laquelle a tant contribué un des hommes qui font le plus d’honneur à la science française, M. Charles Robin.


I

L’anatomie générale est de création toute moderne. Les anciens anatomistes, bornant leurs études à l’examen superficiel des organes, négligèrent d’en explorer les profondeurs. D’ailleurs pendant longtemps ils furent privés de l’instrument le plus indispensable aux investigations de ce genre, du microscope. Depuis Hérophile et Érasistrate, qui florissaient trois cents ans avant l’ère chrétienne et qui sont les vrais fondateurs de l’anatomie descriptive du corps humain, jusqu’à Galien, depuis Galien jusqu’à Vésale inclusivement, la grosse anatomie fut constituée presque tout entière. Un grand nombre de points restés obscurs furent éclaircis ensuite par Bérenger de Carpi, Massa, Servet, Sylvius, qui découvrit les valvules des veines, Eustachi, qui vit le canal thoracique, Varole, qui scruta le cerveau, Botal, Bauhin, Césalpin, Fabrice d’Aquapendente, et bien d’autres qui, durant le XVe et le XVIe siècle, firent graver de magnifiques planches presque aussi utiles au progrès des études anatomiques que les investigations originales le plus heureusement accomplies. — Ces connaissances, déjà étendues, furent