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asiatiques. Il fallut que le gouvernement de la métropole, stimulé par la presse de Londres, adressât de sévères reproches aux autorités de Calcutta pour que celles-ci sortissent de leur léthargie. Dans l’enquête qui fut faite, chaque employé fit retomber la responsabilité sur son inférieur, et celui-ci déclara qu’il avait été laissé sans ordres.

Confus de sa négligence, le gouvernement de Calcutta s’est mis à racheter sa faute par une louable activité. Il a désintéressé les actionnaires d’une compagnie d’irrigation, a repris ses travaux pour leur donner une vigoureuse impulsion, et a déclaré qu’il voulait consacrer à la fertilisation des terres la somme énorme de 30 millions de livres sterling qu’il réaliserait en faisant un appel au crédit public. Le déboisement ayant converti en désert des contrées qui jadis nourrissaient une population considérable, il a fait étudier et adopter les meilleures méthodes de sylviculture, il a encouragé la plantation d’arbres indigènes et l’introduction d’essences étrangères, parmi lesquelles figure l’acajou. Les Indes orientales ayant été de tout temps le siège d’une multitude de maladies contagieuses, épidémiques ou autres, des commissions médicales ont été établies dans chaque présidence pour en arrêter le développement et en extirper le germe, si c’est possible ; malheureusement le fanatisme hindou leur oppose souvent une insurmontable barrière. Ces commissions publient chaque année un rapport sur l’état sanitaire de leurs provinces respectives. Des écoles de médecine ont été fondées dans la plupart des grands centres de population, où les sciences médicales sont enseignées aux Hindous dans leur idiome national. Les casernes, les hôpitaux, les prisons, tous les établissemens qui retiennent les hommes plus ou moins groupés, ont reçu de notables améliorations hygiéniques. Dans un pays où le milieu ambiant exerce une action si délétère sur la santé, où les phénomènes climatologiques sont si redoutables, l’étude de la météorologie était une nécessité ; des observatoires parfaitement outillés furent construits dans les chefs-lieux de présidence, et les savans qui y sont attachés publient régulièrement les résultats de leurs travaux.

Rien de plus digne d’approbation, que ces efforts nombreux et bien entendus pour améliorer la situation de toutes les classes de la société hindoue et lui procurer plus d’aisance ; mais le gouvernement a-t-il fait des efforts correspondans pour son bien-être moral et intellectuel ? Certes les Anglais n’ignorent pas l’importance de la diffusion des connaissances utiles. Les hommes d’état qui se sont succédé au fauteuil de la présidence générale voient dans l’éducation du peuple un remède à tous ses maux. Cependant cet élément si essentiel à la grandeur d’un état fait encore défaut aux Indes. Les tables dressées sur ce sujet sont peu satisfaisantes. Le