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plus douteux que les origines de cette illustre école remontent bien au-delà du IXe siècle.

M. Daremberg s’est efforcé de mettre en pleine lumière deux thèses : la première, c’est que les destinées de la pathologie sont intimement liées aux destinées de la physiologie, et que les aberrations de l’une correspondent aux aberrations parallèles de l’autre. La seconde thèse, c’est que l’histoire de. la médecine est la démonstration pratique de l’impuissance des théories et de la force des causes, de l’inanité des systèmes a priori et de l’action irrésistible de l’observation aidée par l’expérience. Ce qu’on veut aujourd’hui, ce sont des faits, mais des faits bien constatés et des déductions prudentes qui ne dépassent pas la portée de ces faits. L’histoire de la médecine depuis deux siècles est le récit d’un long combat soutenu pour expulser le mysticisme de tous les retranchemens où il s’est successivement réfugié ; mais il ne faudrait pas tomber maintenant dans l’excès contraire d’un empirisme qui croit avoir tout dit lorsqu’il a donné la formule d’un phénomène. Ce point de vue philosophique domine l’ouvrage de M. Daremberg, et rachète la sécheresse de certains chapitres qui sont d’une lecture peu récréative, et où l’on désirerait voir parfois un enchaînement d’idées plus rigoureux.


R. R.




L’Hellénisme en France, leçons sur l’influence des études grecques dans le développement de la langue et de la littérature françaises, par E. Egger, 2 vol. in-8o, 1870.

Un retour manifeste vers les antiquités helléniques, vers les modèles de la prose et surtout de la poésie grecques, sera compté sans doute un jour parmi les caractères de l’époque contemporaine. Une association formée pour favoriser ce genre d’études obtient sous nos yeux un succès si rapide qu’il dépasse toutes les espérances des amis de cette grande et belle littérature. En trois ou quatre ans, elle est parvenue à rallier un très grand nombre de souscripteurs non-seulement en France, mais dans plusieurs contrées de l’Europe et en Orient. Elle est devenue par décret association d’utilité publique, et elle dispose de moyens qui s’accroissent tous les jours. Pour ne nommer que ses dignitaires les plus importans, elle doit à MM. Egger, Beulé, Brunet de Presle, Patin, Havet, une bonne partie de son lustre. Le zèle de M. G. d’Eichihal, ses connaissances toutes spéciales, sa correspondance active avec les personnes les plus distinguées de l’Orient hellénique, ne lui ont pas été d’un faible secours.

Ce sont là des ressources considérables, mais en quelque sorte matérielles. Les études grecques réclament surtout l’appui des bons livres, des ouvrages sérieux, qui font faire un pas à la science et provoquent le mouvement des esprits. Tel est le travail intéressant de M. Egger sur l’hellénisme en France. C’est une vue d’ensemble sur l’histoire de