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se retiraient en masse devant un vote hostile de la chambre, qui avait mal pris un projet, après tout assez secondaire, de réorganisation administrative. En réalité, l’assemblée se trouvait partagée presque également entre deux fractions opposées, le moindre déplacement de voix suffisait pour mettre l’une ou l’autre en minorité. L’esprit d’individualisme était alors si développé chez les députés de la Nouvelle-Galles du Sud qu’aucun d’eux ne se résignait à sacrifier ses propres idées pour faire triompher la cause commune. Quoique en accord d’opinions avec la grande majorité de ses concitoyens et appelé au pouvoir sept mois auparavant avec l’assentiment presque unanime du pays, M. Donaldson avait sans cesse été tenu en échec par une imposante minorité. Cette situation était inquiétante pour les futurs ministres. Cette fois le soin de former une administration fut confié à M. Cowper, qui ne fut que six semaines au pouvoir. L’assemblée législative était décidément impossible à conduire. Le bruit courut que M. Cowper, avant de résigner ses fonctions, avait demandé au gouverneur-général de la dissoudre. Sir William Denison, avec un rare bon sens, ne voulut pas recourir à cette mesure extrême, alléguant que toutes ces difficultés n’étaient que les oscillations inévitables d’une nouvelle forme de gouvernement, et qu’au surplus la chambre n’avait encore eu l’occasion d’exprimer son opinion sur aucune question d’un intérêt vital pour le pays.

Le nouveau chef du ministère, M. Parker, avait la réputation incontestée d’être en politique impartial et conciliant. Il parlait avec netteté et précision, sinon avec éloquence. Ancien secrétaire particulier de sir George Gipps, qui avait été gouverneur-général de 1838 à 1846, on se plaisait à lui accorder les qualités d’un grand politique ou tout au moins d’un bon administrateur, ce qui nous porterait à croire plutôt que la colonie souffrait d’une véritable pénurie d’hommes d’état. Au fond, M. Parker n’avait échappé à l’hostilité des partis adverses que par la médiocrité de ses vues et la modération de son caractère. Il voulut faire rentrer aux affaires avec lui ses deux prédécesseurs, M. Donaldson et M. Cowper. Celui-ci refusa ; mais le premier y consentit. Le cabinet subit un échec avant même de s’être présenté devant les chambres. Les députés, en devenant ministres, étaient obligés de se soumettre aux chances d’une réélection. M. Donaldson ne fut pas renommé par ses électeurs. Heureusement un ami dévoué, représentant d’un district rural, se démit afin de lui faire une place.

La seconde session du parlement s’ouvrit le 11 août 1857. Dès les premiers jours, le cabinet fut en butte aux attaques de l’opposition à propos de certaines nominations qu’il avait faites dans les emplois publics. Des jeunes gens inexpérimentés avaient été