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du monde. Je voudrais en particulier, et par des détails nombreux, comparer le régime municipal de Londres au régime municipal de Paris, ces deux capitales étant voisines, rivales, analogues et sans égales par l’étendue des richesses dont elles disposent, par le chiffre énorme et croissant des populations qu’elles renferment, tout en demeurant profondément différentes par le caractère des lois qui ont fait de Paris la ville la plus centralisée de l’Europe et de Londres une agglomération de grandes et de petites villes juxtaposées, indépendantes, à peu près sans aucun lien commun.


I. — L’ADMINISTRATION MUNICIAPLE DE LONDRES.

Tout le monde sait que Londres se compose de la Cité et d’un grand nombre de districts qui forment autour d’elle comme une réunion de villes immenses. Ce vaste ensemble, maintenant habité par un septième de la population totale de la Grande-Bretagne, constitue ce que la loi appelle la métropole. Elle occupe 78,029 acres, près de 32,000 hectares. La Cité n’est comprise dans cette surface totale que pour 702 acres (284 hectares) habités par 112,000 personnes. Bien plus nombreuse est la population des six grandes paroisses de Saint-Marylebone, Saint-Pancras, Saint-George, Islington, Shoreditch et Lambeth. Ces six paroisses, ainsi que dix-sept autres, de 20,000 à 100,000 âmes, ont chacune une administration séparée. Cinquante-neuf paroisses, ayant de 2,000 à 20,000 habitans, sont groupées en quinze districts. Il y a donc, en y comprenant la Cité, trente-neuf centres municipaux distincts dans la ville de Londres, qui appartient en outre à quatre comtés à la fois. La Cité est regardée comme un comté à part. Les autres districts font partie des comtés de Middlesex, Surrey et Kent. Le gouvernement municipal de Londres comprend en résumé la corporation de la Cité, la corporation de Westminster, le bureau métropolitain, trente-neuf vestries et bureaux de district, trente-neuf bureaux de guardians, les commissaires de police, les lieutenans des comtés, les magistrats des comtés, les commissaires de la lieutenance de la Cité.

L’administration de la Cité proprement dite est connue. Les trois corps constitués de cet antique berceau de la capitale sont la court of aldermen, la court of common council et la court of common hall. La Cité est subdivisée en quartiers ou wards, et les anciennes corporations de marchands n’ont pas cessé d’exister. Les freemen, les occupans d’un loyer annuel de 250 francs (10 livres), élisent dans chaque ward un certain nombre de councilmen nommés pour un an et un alderman nommé à vie. Il y a 206 conseillers et 26 aldermen, à peu près autant de délégués pour moins de 200,000 âmes que la