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siècles près, en Italie. Des cités primitives, visitées déjà par les Phéniciens, ont pu être ensevelies sous les cendres et sous les laves.

Il est permis d’aller plus loin et de se demander si Pompéi même et Herculanum ne s’élevaient pas jadis sur ces cités condamnées aussitôt à l’oubli. Sous le promontoire de lave trachitique qui supporte l’antique Pompéi, ou sous les fondations volcaniques d’Herculanum, il n’est pas impossible qu’on retrouve un jour ce qu’on a retrouvé à Santorin. Pour moi, je souhaiterais que des puits larges et profonds fussent pratiqués sur divers points de Pompéi : dans la partie du forum qui est sans dalles, hors des murs de la ville, au milieu de l’amphithéâtre, en un mot partout où le sol est libre. Ces puits, après avoir traversé les scories et les déjections les plus anciennes du volcan, atteindraient promptement le sol recouvert par l’éruption antéhistorique. Qui sait quelles découvertes attendent les explorateurs assez convaincus pour tenter cette facile aventure ? Qui sait si l’on ne verra pas apparaître, sous la ville romaine dont les voyageurs admirent la conservation miraculeuse, les traces d’une autre ville antérieure de deux mille ans ?

Une telle supposition devient moins invraisemblable, si l’on considère d’une part que les villes se succèdent à la même place parce que les hommes y trouvent la satisfaction des mêmes besoins, d’autre part que les phénomènes volcaniques frappent les mêmes lieux, parce que ce sont les points les plus faibles du sol et comme des brèches toujours accessibles. On pourrait comparer un volcan à l’éclat que produit une petite pierre lancée contre une vitre. On observe d’abord un trou, puis un rayonnement en forme d’étoile, c’est-à-dire des fentes divergentes qui partent d’un centre commun. De même le cratère n’est que l’orifice de la blessure faite à l’écorce terrestre. Outre le cratère, il y a des fissures diamétrales qui rayonnent dans divers sens et passent par l’axe du cratère. Chaque tremblement de terre rouvre ces fissures, qui sont de plus en plus faciles à rouvrir ; chaque éruption pousse vers ces soupiraux tout préparés les laves incandescentes et surtout les gaz qu’elles dégagent. Il est évident que les villes bâties sur ces fissures inconnues, parce qu’elles sont dans les profondeurs du sol, doivent être sujettes au retour des mêmes accidens. Pompéi, Herculanum, Oplonte, étaient évidemment dans ce cas : de là leurs malheurs répétés. Les huit grandes éruptions de 203, de 471, de 512, de 685, de 983, de 993, de 1030, de 1049, ont toujours menacé ou ruiné les villages qui s’élevaient à la place des cités antiques ; cela s’est renouvelé dans les temps modernes. Torre-del-Greco, qui paraît occuper la place d’Oplonte, a été détruite onze fois par des coulées de lave et rebâtie onze fois. En 1794 notamment, Torre-del-Greco a été engloutie sous un courant de laves qui, en six heures, a atteint la