Page:Revue des Deux Mondes - 1870 - tome 86.djvu/962

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

danoises un mouvement remarquable que nous allions comprendre et apprécier de plus en plus.

Près de deux cents hommes de science étrangers au Danemark avaient envoyé leur adhésion au congrès ; cent onze avaient fait le voyage de Copenhague[1]. Les Français à eux seuls représentaient près du quart des arrivans. Il est facile de s’expliquer cet empressement, quelque peu exceptionnel de notre part. Les organisateurs de la réunion avaient senti que, pour attirer les étrangers, ils devaient renoncer à leur langue maternelle, bien rarement parlée ailleurs qu’en Danemark. Par cela même, ils avalant acquis le droit de demander à chacun le même sacrifice, et ils avaient décidé que toutes les communications se feraient en français. Cette condition, acceptée sans murmure, a été strictement observée pendant toute la session, et, tout amour-propre mis à part, il est permis d’en constater l’utilité pratique. À l’un de nos banquets, on fit exception à la règle ; on voulut que des toasts fussent portés dans le langage de toutes les nationalités représentées autour de la même table. Or, chaque fois que l’orateur levait son verre, c’était encore en français qu’il fallait traduire sa pensée pour la majorité des assistans. L’expérience était décisive, et chacun comprit ce qu’auraient été nos séances, si l’on n’avait eu soin d’adopter, selon l’heureuse expression de M. Worsaae, une langue internationale pour le congrès international.

Les études et les travaux commencèrent le lendemain de la séance d’ouverture, et, grâce aux ordonnateurs du congrès, ils marchèrent sans perte de temps. Chacun de nous avait reçu en arrivant un plan de la ville et de ses environs accompagné des explications nécessaires pour en faciliter l’usage, des notices et des livrets relatifs aux principales collections, un programme détaillé de l’emploi du temps. Deux parts avaient été faites de nos journées. À neuf heures du matin, tous les musées publics et de riches collections particulières[2] s’ouvraient à quiconque se présentait muni de sa

  1. Le nombre des adhésions envoyées au congrès de Copenhague a été en tout de 416. Voici dans quelle proportion les diverses nations se sont trouvées représentées lors de la réunion : Allemagne 17, — Belgique 7,— Espagne 2,— Finlande 1, — France 26, — Angleterre 7, — Hongrie 1, — Italie 6, — Norvège 9, — Pays-Bas 3, — Roumanie 2, — Russie 6, — Suède 26, — Suisse 2,— Danemark 226,— soit en tout 337 membres présens et qui ont presque tous régulièrement, assisté aux séances.
  2. Une mention spéciale est due à celle de M. Petersen. Plusieurs riches amateurs tels que le grand-veneur, M. Bech, et le baron de Zytphen, avaient fait transporter à l’université les plus beaux objets faisant partie de leurs collections. À côté de ces vitrines figuraient les cartons apportés de diverses parties de l’Europe par plusieurs savans étrangers. Enfin une foule de dessins et de photographies achevaient de transformer en un musée temporaire du plus grand intérêt les larges corridors de l’université.