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En 1844, M. Nothomb, alors ministre de l’intérieur, proposa, quoique appartenant au parti catholique, de conférer au gouvernement le droit de nommer chaque année les membres du jury, les chefs des universités de l’état et ceux des deux universités libres entendus, de manière que dans chaque jury les quatre établissemens fussent représentés. Le projet fut rejeté par li9 voix contre 42. C’est seulement depuis la loi du 15 juillet 1849 que le jury central a été remplacé par les jurys combinés, qui fonctionnent encore maintenant et qu’on voudrait introduire en France.

Voyons d’abord comment ces jurys sont formés; nous examinerons ensuite les résultats qu’ils ont produits. L’article 40 de la loi disait : « Le gouvernement procède à la formation des jurys chargés des examens et prend les mesures réglementaires que leur organisation nécessite. Il compose chaque jury d’examen de telle sorte que les professeurs de l’enseignement dirigé par l’état et ceux de l’enseignement privé y soient appelés en nombre égal. » Afin de mettre la loi à exécution, il est formé en vue de chaque grade deux jurys universitaires pour les élèves des universités, et un jury central pour les élèves qui ont fait des études privées. Le jury central est composé de quatre professeurs appartenant aux quatre universités, et d’un président choisi en dehors de l’enseignement. Les jurys universitaires sont constitués de la manière suivante : chacune des deux universités de l’état est alternativement combinée avec une des universités libres; cette année-ci Liège avec Louvain, et Gand avec Bruxelles; l’an prochain, Liège avec Bruxelles, Gand avec Louvain. Dans le jury de chaque grade siègent les professeurs qui ont fait les cours sur lesquels les élèves sont interrogés. Ils appartiennent en nombre égal à chacune des universités combinées. Chaque professeur interroge sur la matière qu’il a enseignée, et il dispose, pour examiner ses élèves, de deux fois plus de temps que le professeur de l’établissement rival. Le président du jury est pris hors du corps professoral; en cas de partage égal des voix, la sienne décide. Ce que l’on a voulu, c’est d’abord établir une égalité parfaite entre les établissemens libres et ceux de l’état, en second lieu forcer l’élève à suivre les cours, en faisant dépendre le succès de ses examens de la voix de ses maîtres, enfin organiser le contrôle réciproque des universités et des professeurs.

Bientôt des plaintes très vives surgirent contre le nouveau système. A peine appliqué, on proposa de l’abandonner. Le 30 janvier 1856, M. de Decker, ministre de l’intérieur, déposa un projet de loi qui rétablissait le jury central, en autorisant le gouvernement a le nommer de façon que les quatre universités existantes y fussent également représentées. Ce projet ne fut pas accueilli. Les jurys