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d’un autre côté, il laisserait toute liberté à l’Italie, qui serait assez fondée à ne nous savoir aucun gré d’une telle résolution, qui pourrait se considérer comme n’étant obligée à rien parce que nous aurions quitté un poste que nous aurions déclaré nous-mêmes ne plus pouvoir occuper. Accompli aujourd’hui, ce rappel serait un retour pur et simple à la convention du 15 septembre 1864, qui n’est point abrogée, que nous sachions, et qui est la seule garantie dont on puisse se prévaloir.

A dire vrai, du reste, que peut-on craindre sérieusement pour la sécurité immédiate du saint-siège ? Est-ce qu’il y a maintenant à redouter quelque retour offensif de Garibaldi., quelque invasion nouvelle des états pontificaux ? On n’en est plus là. Les Italiens ne sont pas près de recommencer ou même de permettre des tentatives comme celle de 1867. Cette folle expédition, qu’un ministère aussi dépourvu de prévoyance que d’initiative ne savait pas retenir sur le chemin de Mentana, a laissé au-delà des Alpes de trop cuisans souvenirs, de trop salutaires enseignemens pour qu’on ne soit pas guéri de toute fantaisie de violence dans une question où la violence ne peut rien. Les Italiens savent bien que sans cette malheureuse entreprise de 1867 ils seraient peut-être déjà pratiquement arrivés à une solution qu’on entrevoyait presque, qui eût assuré une satisfaction au sentiment national en laissant de suffisantes garanties à l’indépendance spirituelle du pontife de Rome. L’Italie a bien assez à faire aujourd’hui. Elle a ses finances à régénérer, son administration à reconstituer, sa vie publique tout entière à vivifier et à coordonner. Elle est arrivée à ce moment où l’enthousiasme des aventures est complètement refroidi, et où l’on se retrouve en face de toutes les difficultés pratiques de la réorganisation d’un grand pays né d’hier. Désormais et pour longtemps, les réformes administratives, financières, dominent tout. C’est là le double problème qui se pose de nouveau pour l’Italie au moment où le ministère, présidé par M. Lanza, et le parlement se retrouvent en présence après des vacances de deux mois. On attendait avec une impatiente curiosité le plan que le ministre des finances, M. Sella, préparait pendant cette trêve parlementaire, et qu’il vient de présenter. Au premier coup d’œil, on ne saurait véritablement assurer que M. Sella, si habile qu’il soit, ait trouvé dans son imagination des combinaisons surprenantes, merveilleuses, faites pour remettre d’un seul coup l’Italie au-dessus de ses affaires. Son plan n’a rien de particulièrement héroïque, il se compose plutôt d’une série de projets de détail par lesquels le ministre florentin d’aujourd’hui espère atteindre un but poursuivi par tous ceux qui l’ont précédé, et que tous ceux qui lui succéderont s’efforceront sans doute de poursuivre à leur tour, l’extinction du déficit. M. Sella propose au parlement la sanction d’un traité par lequel il obtiendrait avec avantage 122 millions de la banque, une émission de 80 millions de consolidés, l’augmentation de quelques impôts, la réorganisation de quelques autres, l’appropria-