Page:Revue des Deux Mondes - 1870 - tome 86.djvu/431

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

malades. Tous les quais ont été nivelés, 11 ponts reconstruits, et 4 nouvellement édifiés. L’éclairage entier de la ville est fait par 33,852 appareils, dont 32,320 au gaz. Toutes ces dépenses, y compris surtout celle des eaux, ne sont pas stériles, M. Devinck, dans son rapport sur le budget de 1870, déclare que la ville « a eu soin de conserver ou d’acquérir des intérêts ou des droits de retour qui rapporteront dans l’avenir des ressources, soit en capitaux, soit en revenus, dont la valeur représentative dépasse 1 milliard. »

Ce n’est pas qu’on ne puisse critiquer l’exécution d’un certain nombre de travaux. Les travaux d’art en particulier n’ont pas toujours satisfait des juges qui ont bien le droit de se dire compétens. Quoi qu’il en soit, il y aurait injustice à méconnaître dans son ensemble le caractère de ces entreprises. Les travaux des égouts, l’aménagement des eaux, la construction des ponts et des quais, la réfection des trottoirs et des chaussées, l’éclairage et l’arrosage de la ville, constituent une œuvre importante, dont l’utilité n’est pas contestable et dont l’exécution ne mérite que des éloges.

Nous avons vu que les dépenses nécessitées par l’extension des limites de Paris se sont élevées à 352 millions 1/2, que celles des travaux extraordinaires de l’ancien Paris ont dépassé 467 millions 1/2. Pour avoir l’ensemble des dépenses extraordinaires faites pendant les dix-sept premières années de l’empire, il faut joindre aux chiffres précédens 1 milliard 297 millions qu’ont coûtés les grandes opérations de voirie. Encore ce total de 2 milliards 117 millions doit-il être augmenté du prix de l’amortissement graduel des dettes diverses de la ville accompli pendant la même période[1].

L’origine des grandes opérations de voirie est bien connue ; il fallait aérer des quartiers malsains, ouvrir de larges voies pour répondre aux besoins d’une circulation sans cesse accrue par le trafic des chemins de fer, satisfaire aux nécessités stratégiques qu’impose le maintien de l’ordre dans une capitale où les masses industrielles et la population nomade créent des dangers permanens, enfin réaliser, ne fût-ce que par amour-propre national, des améliorations matérielles dont l’exemple était donné ailleurs. Depuis qu’en 1851 M. Léon Faucher, ministre de l’intérieur, avait présenté le projet de la reconstruction des halles centrales et du prolongement de la rue de Rivoli, plusieurs décrets, successivement rendus, en 1852, 1853 et 1854, complétaient cette œuvre de l’assemblée nationale, et

  1. On a amorti les deux emprunts de 25 et de 50 millions contractés avant 1852, remboursé des sommes duos au trésor avant 1848 sur les produits de l’octroi, racheté le péage des ponts et payé une ancienne dette de 12 millions à l’assistance publique. Le dernier mémoire du préfet porte que le service des engagemens anciens (capital et intérêts) a absorbé 143 millions, et que le même service pour les engagemens nouveaux a coûté 240 millions, mais il ne fait pas la part des intérêts et celle de l’amortissement.