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politique n’ont pas d’autre vœu. Bien plus, les élections pour le parlement allemand, ordonnées par vous-mêmes, se sont faite dans les duchés par le suffrage universel direct, tout citoyen âgé de vingt-cinq ans ayant droit de voter. On ne voit donc pas sur quoi s’appuie l’objection, sinon sur une évidente répugnance pour un vote dont on prévoit la portée. En effet, quand seront en présence pour un vote libre, comme dit l’article 5, les trois partis danois, augustenbourgeois et prussien, quand la question posée sera celle-ci : voulez-vous être sujets du Danemark ou sujets de la Prusse? il est possible qu’une bonne moitié au moins de la partie mixte vote avec les districts du nord pour le Danemark; on en a pour gage l’élection de 1867. — Vous demandez ensuite jusqu’où devrait s’étendre la convocation pour le vote. L’article 5, dites-vous, ne parle que des districts du nord, et le Danemark prétend sans raison que ceux du centre doivent être aussi consultés. Le droit et l’équité répondent que la partie mixte surtout doit être appelée au vote, et la lettre du traité n’y contredit pas, puisque c’est particulièrement le nord de cette partie mixte qui peut souffrir de ne pas rester danois. Pour ce qui est d’Als et de Düppel, le refus de les rendre est fort grave. Ces deux points font partie du Slesvig septentrional, incontestablement danois; on peut s’en assurer en consultant les cartes dressées pour montrer la distribution des langues dans le Slesvig; si l’on se défie de la carte danoise de M. Allen, on a la carte allemande de M. Geertz, qui donne à ce sujet les mêmes indications; toutes deux se trouvent dans le volume de M. Gosch intitulé : Danemark et Allemagne depuis 1815. L’ouvrage a paru à Londres en 1862, et les rapports de nationalité ou de langue n’ont pas pu changer beaucoup depuis sept années. Lors des élections de février 1867, ces districts ont donné les neuf dixièmes des voix au parti danois. La Prusse allègue pour motif de son refus que sur ces deux points beaucoup de sang prussien a été versé. C’est vrai, ce petit peuple danois s’y est bien battu; mais c’est dire en même temps que beaucoup de sang danois aussi y a coulé; peut-être l’un vaut l’autre. — Est-ce que pour les protéger contre le redoutable Danemark ces forteresses d’Als et de Dybböl seraient nécessaires aux Prussiens? Non; ils n’invoquent pas un tel argument, qui serait ridicule. Ce que dit le cabinet de Berlin, non publiquement, mais tout bas, c’est que derrière le faible Danemark il faut apercevoir la Russie. On peut échanger de brillantes décorations, on peut crier ensemble hurra! et rappeler 1813 sans que pour cela la défiance et les griffes réciproques soient pour longtemps hors de cause. La Prusse a omis récemment de renouveler après échéance le cartel d’extradition en vertu duquel, pendant beaucoup d’années, les Polonais réfugiés en Prusse étaient livrés à la