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LES
NOUVEAUX DANGERS DU NORD
ET
LE SCANDINAVISME


I.

On se rappelle par quelles vicissitudes la Prusse est arrivée à prendre possession des deux duchés de Holstein et de Slesvig, le premier qui faisait déjà partie de l’ancienne confédération germanique et qui avait pour duc le roi de Danemark, le second qui avait toujours été terre scandinave, mais que l’influence allemande avait commencé d’envahir. C’était précisément pour arrêter la marche et prévenir les effets de cet envahissement que les grandes puissances avaient signé le traité de Londres au mois de mai 1852. Elles avaient solennellement garanti par ce traité l’intégrité de la monarchie danoise; elles avaient voulu assurer la succession royale, en désignant à l’avance le duc de Glücksbourg (aujourd’hui Christian IX). Sur la foi de cette garantie et pour neutraliser le progrès du germanisme, le cabinet de Copenhague prit, en novembre 1863, des mesures tendant à rapprocher le Slesvig des autres provinces du royaume; la Prusse y trouva l’occasion d’entraîner l’Allemagne à la seconde guerre des duchés. A l’entendre, il y avait dans les duchés une nationalité allemande que le Danemark opprimait; les Slesvig-Holsteinois revendiquaient, disait-on, leur indépendance sous leur souverain naturel, le duc d’Augustenbourg, et ils avaient droit à