Page:Revue des Deux Mondes - 1870 - tome 85.djvu/652

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
646
REVUE DES DEUX MONDES.

tent par conséquent soit en Afrique[1], soit en Amérique ou dans l’Inde[2]. De même que Porto-Santo et las Desertas nourrissent des espèces inconnues à Madère, de même dans l’archipel des Canaries, les îles de Palma, de Lancerotte, de Gomère et l’île de Fer[3], possèdent des végétaux qui ne se trouvent pas dans l’île principale, celle de Ténériffe. Il y a plus, les îlots des Salvages, plus rapprochés de la côte d’Afrique que toutes les autres îles, ont une végétation qui n’est nullement africaine, qui est intermédiaire entre celle de Madère et celle des Canaries. Ces rochers battus par les flots sont les sommets d’une terre actuellement submergée qui réunissait jadis l’archipel de Madère à celui des Canaries.

Passons aux Açores, situées à 500 milles marins au nord de Madère, à 740 milles du Portugal et à 1,035 milles de Terre-Neuve, le point le plus rapproché de l’Amérique. Leur flore est moins connue, les Açores se composent d’îlots la plupart inhabités; mais nous savons par M. Watson, qui accompagna le capitaine Vidal, chargé par l’amirauté de l’exploration hydrographique de l’archipel, que le caractère général de la végétation est encore méditerranéen. On y trouve la bruyère commune et le daboccia polyfolia de l’Irlande et du sud-ouest de la France. Une campanule[4] n’existe que sur les rochers abrupts de l’îlot de Florès. M. Watson envoya la graine en Angleterre, elle y a réussi, on a multiplié la plante, et maintenant elle est en plus grande abondance dans les jardins des amateurs anglais que sur son île natale. Plus rapprochées de l’Amérique, les Açores devraient contenir plus de plantes du Nouveau-Monde que Madère et les Canaries. C’est le contraire qui est vrai. On n’a découvert aux Açores qu’une seule espèce américaine du genre sanicula, tandis que celles des genres Clethra, Phœbe et Persea, communes à Madère et aux Canaries, y font complètement défaut.

Les îles du Cap-Vert sont situées, dans l’Océan-Atlantique, à 800 milles au sud des Canaries et à 300 milles de l’Afrique. MM. Hooker et Lowe, qui les ont successivement explorées, constatent que la flore est un prolongement de celle du Sahara africain. Dans les montagnes, on rencontre quelques espèces appartenant au type méditerranéo-européen, mais, le dragonnier excepté, pas une des

  1. Zygophyllum Fontonesii, Lobularia libyca, Pistacia allantica, Tamarix canariensis, Euphorbia Forshahlii, Dracœna draco, Commelyna canescens, etc.
  2. Clethra arborea, Euphorbia tenella, Commelyna agraria, Persea indica, etc.
  3. Palma, Centaurea arborea, Echium pininana, Waltheria elliptica. — Lancerotte, Ononis hebecarpa, Euphorbia panacea, Lavandula pinnata, Asparagus stipularis. — Gomère, Statice brassicœfolia. — Ile de Fer, Statice macroptera.
  4. Campanula Vidali.