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LES
POPULATIONS AGRICOLES
DE LA TOSCANE
ETUDE D'ECONOMIE RURALE

Une des contrées qui se sont acquis en Europe par leur agriculture la plus grande renommée, c’est la Toscane. Par la richesse de son sol, le nombre de ses habitans, la qualité de ses produits, cette province privilégiée a plusieurs fois attiré l’attention des économistes et a mérité leurs éloges ; mais il est un trait qui surtout la caractérise et la recommande : c’est la patrie par excellence de la petite culture. A la fin du XVIIIe siècle, tandis que l’Anglais Arthur Young exaltait les avantages de la grande propriété et des vastes exploitations, Sismondi, dans son Tableau de l’agriculture toscane, mettait en relief la production considérable du val de l’Arno et le morcellement de ses cultures. Quelques années plus tard, l’agronome Lullin de Châteauvieux, dans ses Lettres d’Italie, faisait des descriptions enthousiastes de la destinée du métayer toscan. La Toscane est en effet la terre classique du métayage. Nulle part ce mode d’organisation du travail agricole ne s’est introduit plus tôt, nulle part il ne présente des traits plus caractéristiques et ne conserve encore plus de vitalité et de consistance. Et cependant, depuis Sismondi et Châteauvieux, bien des modifications se sont opérées dans cette province si vantée : la constitution de la propriété, les lois de succession, les contrats agraires ne sont plus exactement ce qu’ils étaient ; les relations sociales entre les différentes classes qui peuplent les campagnes se sont altérées ; un autre esprit s’est introduit lentement, mais avec persistance. L’industrie aussi pénètre ces