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d’instrumens grossissans ; en effet, leur diamètre dépasse à peine les sept millièmes d’un millimètre. Le véhicule des globules a reçu le nom scientifique de plasma, les matériaux élaborés par l’appareil digestif, les produits de la décomposition des tissus, constituent essentiellement ce liquide ; les matières albuminoïdes, qui ont leur analogue dans le blanc d’œuf, les graisses, les sucres, les sels de nature minérale, s’y trouvent sous des formes diverses et le renouvellent sans cesse ; sans cesse aussi les voies d’excrétion l’épurent des particules devenues inutiles à la vie. Les élémens de nos tissus sont soumis dans leur nutrition à un mouvement continu d’apport et de départ, les molécules nouvelles succèdent aux molécules anciennes, et les actes d’assimilation et de déassimilation trouvent tour à tour dans le plasma leurs points d’origine et d’arrivée. Le globule du sang se nourrit comme les parties constituantes des glandes, des muscles, des nerfs et du cerveau, et la seule différence à établir sous ce rapport, c’est qu’il se trouve au sein du plasma lui-même, tandis que les autres élémens en sont séparés par la membrane ténue des vaisseaux capillaires. Le globule a si bien une existence propre que les principes chimiques qui le constituent ne se retrouvent point dans son milieu plasmatique. Les réactions variées que ces petits corps présentent vis-à-vis des agens chimiques font supposer qu’ils se trouvent dans le plasma à toutes les périodes de leur développement ; leurs dimensions ne sont pas les mêmes aux différens âges de notre organisation. Quand le germe humain est en voie d’évolution, les premiers linéamens des vaisseaux se dessinent au sein des tissus, le cœur commence à battre ; le liquide sanguin est alors formé, mais les globules qu’il renferme sont bien plus volumineux qu’ils ne le seront après la naissance et à l’âge adulte. Pendant cette vie embryonnaire, le sang de nouvelle formation ne communique point avec les vaisseaux de l’organisme maternel, les deux circulations juxtaposées sont indépendantes ; il n’y a pas, comme on le supposait au XVIIe siècle, transfusion naturelle du sang de la mère dans celui de l’enfant, puisque des deux côtés les particules solides ou globules y circulent et y demeurent de grandeur inégale. — Il est intéressant d’étudier les élémens du sang dans la série animale ; nous les trouvons plus grands chez les poissons et les reptiles que chez les oiseaux et les mammifères, dont l’activité vitale est autrement puissante. Malgré les analogies que présente le liquide sanguin dans ces différens groupes, le sang d’un poisson ne saurait vivifier d’une manière durable le corps d’un reptile, le sang d’un oiseau ne remplacerait pas celui d’un mammifère. ; Les espèces animales dont on transfuse le liquide nourricier des unes dans les autres doivent être très voisines au point de vue de la classification naturelle ; le globule qui émigré dans un milieu