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de l’église. Un archevêque d’York ayant accusé les dissidens d’une secrète ambition, il n’y gagna que cette célèbre réponse de Chatham :


« Ceci est un jugement sans charité, et quiconque porte une telle accusation sans preuve diffame. Les dissidens sont représentés comme des hommes d’une ambition secrète. Eh bien ! oui, mylords, et leur ambition est de se rapprocher plus étroitement du collège des pêcheurs de Galilée et non de celui des cardinaux, de la doctrine d’apôtres inspirés et non des décrets d’évêques intéressés et avides de grandeur. Ils combattent pour un culte selon l’Écriture, pour le culte le plus conforme à l’Écriture. Nous avons, nous, un credo calviniste, une liturgie papiste et un clergé arminien. La réforme a laissé le livre des Écritures ouvert à tous, ne souffrez pas que les évêques le referment. On plaide la cause des lois faites pour soutenir la puissance ecclésiastique de ce dont l’exécution serait un outrage à l’humanité. On nous dit que les sectes religieuses ont fait un grand mal, lorsqu’elles n’étaient pas tenues sous un régime restrictif ; mais l’histoire n’apporte nulle preuve que les sectes aient jamais fait un grand mal, lorsqu’elles n’étaient pas-opprimées et persécutées par une église dominatrice. »


Ce qui fit échouer et l’éloquence de Chatham et la motion de Meredith, c’est une résistance qui vint moins des hauteurs de l’épiscopat que des associations naissantes qui avaient entrepris de ramener l’église à sa foi première. Il est écrit partout que lady Huntingdon se donna beaucoup de soins pour déterminer la résistance de lord North, et qu’elle réussit même à susciter dans le généreux esprit de Burke le préjugé conservateur qui devait un jour le rendre sourd à tout vœu d’émancipation et de liberté. Or lady Huntingdon, que nous avons vue éprise de l’éloquence de Whitefield, avait continué sa propagande biblique dans la haute société, et, non loin d’elle, des hommes dévoués à l’établissement ecclésiastique avaient repris le projet primitif de Wesley, en le corrigeant ; ce projet consistait, non pas à rivaliser avec l’église, mais à lui rendre son véritable esprit. Comme il arrive toujours, le méthodisme fut attaqué par ceux à qui il avait donné l’essor ; il eut pour ennemis ses imitateurs. Du moins les fondateurs du parti, appelé bientôt le parti des évangéliques, et dont Venn fut le premier, ces fondateurs nés dans le milieu où Whitefield avait été écouté, commencèrent à chercher querelle à Wesley, qui eut l’imprudence de créer un journal sous le titre de The Arminian magazine, mais ces hostilités durèrent peu. Venn, Thornton, miss Hannah More et bientôt Wilberforce trouvèrent qu’ils avaient mieux à faire que d’agiter de subtiles questions. Sans se