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inscrites dans votre petite charte. Les responsabilités illimitées ne nous ont jamais fait peur, nous ne déclinons que les autres. »

Ce qui se passa dans le cœur du prince, nous renonçons à le deviner. Ce que pensèrent ses sujets appartient à l’histoire. Ce fut le 9 septembre 1867 que le projet de convention fut présenté à la diète de Waldeck. Les députés, tout ahuris, s’entre-regardaient. Ils pesaient le pour et le contre ; comme tous les irrésolus, ils cherchaient à gagner du temps. Le 15 septembre, ils se prorogèrent. Le prince, à qui ces atermoiements déplaisaient, fit ses paquets sans attendre leur décision, et partit avec sa famille pour l’Italie. Il s’en allait rêver parmi les orangers à la différence qu’il peut bien y avoir entre un confédéré de la Prusse et un annexé, à l’étrange situation d’un souverain qui n’a plus qu’un consistoire à gouverner. Ses sujets ne savaient quel parti prendre, à quel saint se vouer. La Prusse voulut les aider à se décider : quelques jours plus tard, un bataillon prussien entrait, enseignes déployées, dans leur petite capitale, Arolsen, bourg de 2,000 habitans, célèbre par sa collection d’antiquités herculanéennes et pompéiennes, — célèbre aussi pour avoir donné le jour au grand sculpteur Rauch, au grand peintre Kaulbach ; — en Allemagne, les petits endroits produisent souvent de grandes choses. — C’est un argument bien décisif qu’un bataillon prussien. La convention fut votée par la diète en première lecture par treize voix contre une, au second tour par douze voix contre trois, et on vota en bloc, par-dessus le marché, tous les articles d’une convention militaire qui mettait Waldelck sur le pied des deux Lippes et des villes hanséatiques : incorporation simple et nette de son contingent dans l’armée prussienne. Le 29 octobre 1868, le directeur envoyé de Berlin, M. de Flottwell, ouvrait une nouvelle session de la diète au nom de sa majesté le roi de Prusse, et le 31 décembre de la même année ce même M. de Flottwell était nommé plénipotentiaire de Waldeck dans le Bundesrath, ce qui procurait à la Prusse une dix-huitième voix en attendant les autres. "Voilà l’histoire de Waldeck.

L’on dit et l’on répète que les affaires allemandes sont au statu quo. Cela est vrai du midi de l’Allemagne et de la question du Mein ; mais au nord les choses marchent et marchent vite. On est impatient d’achever son œuvre, de réaliser des desseins savamment conçus et machinés ; on a hâte de pouvoir dire : Notre pseudo-confédération n’est plus qu’une ombre, elle a vécu, et la Prusse s’est agrandie de vingt et un petits états allemands. Avertis par les journaux et les clameurs du « parti, » ces petits états croient s’apercevoir depuis quelque temps que les sacrifices de souveraineté qu’on leur imposa en 1866, et que le roi Guillaume lui-même déclarait