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être congédiés pour vaquer à leurs affaires. Une fois les trois années réglementaires de service actif (ou de réserve) accomplies, ils entreront dans le premier ban de la landwehr, où, dans la mesure de leurs capacités et de leurs aptitudes, les premières places d’officier leur seront réservées. »

Tandis que certaines parties reconnues défectueuses du système de 1814 ont été atténuées ou sensiblement modifiées, d’autres au contraire, qui primitivement tenaient dans l’ensemble une place peu importante, ont été constamment, de la part de l’administration prussienne, l’objet de soins vigilans et de développemens très heureux. L’institution des volontaires d’un an est de ce nombre. Elle est devenue, grâce à une réglementation habile, une source de véritable puissance pour le gouvernement, qui a pu enrégimenter l’élite de la jeunesse sans la détourner des travaux utiles au développement de la richesse publique. Les rigueurs qu’implique le principe du service obligatoire sont en effet beaucoup plus apparentes que réelles. Tout sujet prussien ayant accompli sa. dix-septième année est admis à s’enrôler dans l’armée, et s’il justifie de certaines connaissances, soit en produisant des certificats de capacité » soit en passant un examen spécial, il peut se faire admettre dans la catégorie des volontaires et obtenir sa libération au bout d’une année, comme s’il avait servi trois ans sous les drapeaux. On s’est inspiré de ce principe, que le jeune homme qui a reçu une éducation littéraire ou scientifique comprend vite et bien tout ce qui constitue la profession des armes. En tenant compte de ces avantages, l’état montre ; qu’il veut non-seulement avoir de bons soldats, mais aussi favoriser l’essor et les progrès de la société civile.

Pour devenir volontaire d’un an, on est obligé cependant de faire ses preuves et de les faire sérieusement. Il faut, au plus tôt dans le courant du premier mois de sa dix-huitième année, au plus tard avant le 1er février de l’année dans laquelle on aura accompli sa vingtième année, se déclarer prêt à comparaître devant la commission de recrutement. Sous le rapport des conditions physiques, on est moins rigoureux pour les volontaires d’un an que pour les recrues ordinaires, car il est toujours sous-entendu que les jeunes gens de cette catégorie devront apprendre au régiment, moins les détails matériels du service que les notions et les principes de l’autorité dont ils peuvent être éventuellement investis dans les rangs de la landwehr. Par contre, sous le rapport de l’instruction, on leur demande beaucoup. On ne procède pas pourtant d’une façon très absolue, et le niveau des exigences n’est pas le même pour tous : aux sujets voués à l’agriculture et au commerce, on demande moins de connaissances littéraires ; ceux qui doivent se consacrer aux arts