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avait dressé ; il serait intéressant de le comparer avec celui de nos hôpitaux.


« Régime beefsteak. — Déjeuner : café au chocolat, pain, beurre et œufs. Dîner : café au chocolat, beefsteak ou roastbeef, ou côtelettes de mouton, pain, beurre, pommes de terre, poudding. Souper : café au chocolat, pain, beurre, pommes cuites ou compotes de fruits.

« Régime œufs et lait. — Déjeuner : lait, œufs pochés, rôtie au lait (milk toast). Dîner : lait, poule au vin, pain, flan. Souper : lait, pain, beurre, fromage.

« Régime légumes[1]. — Déjeuner : thé, pain, beurre, pommes de terre cuites au four (baked potatoes). Dîner : pain, purée de pommes de terre, légumes, riz, pickles. Souper : thé, pain, beurre, pommes cuites ou compote.

« Régime soupe au lait. — Déjeuner : soupe au lait, rôtie, beurre. Dîner : lait chaud ou soupe au lait, rôtie, tapioca au vin, beurre. Souper : lait chaud, rôtie, beurre.

« Régime bouillon. — Déjeuner : bouillon (beef-tea), rôtie, beurre. Dîner : bouillon, rôtie, beurre. Souper : bouillon, rôtie, beurre.

« Régime gruau. — Déjeuner : gruau de blé ou de maïs, rôtie au lait. Dîner : bouillon de poulet ou de mouton, tapioca au sucre, ou blanc-manger, ou gelée. Souper : gruau, rôtie au lait[2]. »


Ce qu’il y a de plus curieux est le régime des amputés. Les chirurgiens américains me paraissent convaincus qu’il faut surexciter les forces et la vitalité du patient pour aider au travail de la nature et lui faciliter son œuvre de réparation. Voici un cas que j’emprunte au journal de miss Woolsey.


« Lafayette R…., 10e régiment des volontaires du Vermont, amputation de l’avant-bras. Il a mangé presque aussitôt après l’opération et a consommé une incroyable quantité d’alimens. Il a commencé par du bouillon et du punch aux œufs (egg,nog). Dans les vingt-quatre heures qui ont suivi l’opération, il a pris vingt-quatre œufs battus dans vingt-quatre onces d’eau-de-vie, avec la proportion ordinaire de lait. Toutes les deux heures il prenait une cuiller d’essence de bœuf ; on prépare cette essence en faisant bouillir à demi le bœuf, puis on le coupe en petits morceaux, et on en exprime le jus avec un outil qui sert à presser les citrons. Je lui donnai en un jour le jus de treize livres de bœuf maigre, sans parler de ses autres repas. Au bout de trois jours il but du porter, et, peu à peu, diminuant la quantité du punch et augmentant celle du porter, il en vint à prendre sept pintes de porter par jour, sans parler de ses trois repas ordinaires, composés de beefsteak, purée de pommes de terre au

  1. C’est le régime des scorbutiques.
  2. Hospital Days, p. 183.