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et M. de Bismarck, qui rentre à Berlin, n’a qu’à se bien tenir. En Italie, on n’en est pas pour le moment à singer nos clubs ; on est assez occupé de la crise ministérielle qui vient d’éclater à la suite de l’élection du président de la chambre. Le candidat du ministère, M. Mari, a échoué ; l’élu a été M. Lanza, Piémontais d’esprit et de caractère, ancien président lui-même, ancien ministre, et fort opposé aux plans financiers de M. Cambray-Digny. C’est M. Lanza qui est chargé aujourd’hui de former un cabinet, chose d’autant plus difficile que, conservateur décidé par ses opinions, il a été élu par le concours de la gauche. Il y a sans doute au bout de tout cela la dissolution prochaine de la chambre. Quant à l’Espagne, elle est encore plus occupée, elle est toujours à la poursuite d’un roi. La défaite de la dernière insurrection républicaine avait provoqué dans le pays une véritable impatience d’en finir, et le gouvernement s’est hâté de mettre en avant son candidat ; il a choisi le duc de Cônes. Le général Prim, qui a le principal rôle dans ces combinaisons, croyait en effet en finir. Malheureusement cela n’a réussi qu’à dissoudre l’alliance des divers partis qui ont coopéré à la révolution, et cette scission s’est manifestée par un incident des plus caractéristiques, la retraite de l’amiral Topete, qui n’a plus voulu rester au ministère. Les anciens membres de l’union libérale et l’amiral Topete sont absolument opposés à l’élection du duc de Gênes ; les dispositions du pays ne semblent pas plus favorables, de sorte que cette candidature n’a qu’une médiocre fortune ; elle marche péniblement, n’ayant pas même trouvé encore le nombre de voix rigoureusement suffisantes. Tout du reste est étrange dans cette combinaison, conduite un peu à l’aventure par le général Prim, et on est d’autant plus embarrassé à Madrid que le roi Victor-Emmanuel, en présence de l’opposition qui se manifeste, sera sans doute porté à refuser la couronne pour son neveu. C’était déjà une fortune peu enviable ; la froideur des Espagnols n’est pas faite pour encourager, et c’est ainsi que l’Espagne n’est pas plus avancée en ce moment que le premier jour. Elle a épuisé toutes les candidatures, et en fin de compte elle en reviendra peut-être au prince des Asturies. Assurément on ne vit jamais couronne plus offerte et plus refusée ; mais en attendant le général Serrano continue à être régent, et le général Prim continue à être président du conseil : c’est là le plus clair de l’odyssée espagnole à la recherche d’une royauté toujours fuyante. ch. de mazade.




ESSAIS ET NOTICES.
La Vie arabe et la Société musulmane, par M. le général E. Daumas.
1 vol. in-8o ; Michel Lévy, 1869.

Les livres de M. le général Daumas ne sont pas seulement connus de l’armée, ils ont été lus par tout le monde. Avec ceux de M. Fromentin,