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LA FONTAINE NATURALISTE

I. La Fontaine et les Fabulistes, par M. Saint-Marc Girardin. — II. La Fontaine et ses Fables, par M. Taine. — III. Les Fabuleuses Bêtes du Bonhomme, par M. Franceschi. — IV. La Fontaine et Buffon, par M. Damas-Hinard.

Tout est dit sur les grands écrivains, et, pour parler d’eux d’une façon nouvelle, on en est réduit à raconter les parties les plus obscures et les plus indifférentes de leur vie, à étudier les passages les plus accessoires de leurs ouvrages, à analyser leurs plus inutiles facultés ; on met en lumière ce qu’ils avaient souvent à dessein, laissé dans l’ombre, on leur attribue des mérites qu’ils n’avaient jamais songé à posséder, on les accuse de défauts dont ils ne pouvaient se garder. Les critiques demandent aux poètes ce qu’ils pensaient en morale, aux philosophes ce qu’ils savaient des sciences physiques, aux hommes de lettres s’ils n’ignoraient pas la musique, aux musiciens s’ils avaient de l’esprit. M. Ménière a fait un ouvrage sur les connaissances médicales des poètes latins et sur celles de Mme de Sévigné. La physique de Voltaire est devenue l’une des préoccupations de ceux qui parlent de lui. On a publié des volumes sur Richelieu ingénieur, Cicéron médecin, Molière musicien, Descartes physiologiste. Ce ne sont pas là de purs jeux d’esprit ; il n’est pas indifférent de connaître tout entier un homme éminent, de découvrir si son intelligence se pouvait appliquer à toutes choses avec un succès égal, s’il était plus ou moins instruit que les hommes ordinaires de son temps. Rencontrer la perfection au terme de ces recherches n’est pas commun, et serait d’un grand prix ; mais les lacunes même des intelligences supérieures sont intéressantes. Une