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comme sur le papier cette division ou cette multiplication se fait par le simple déplacement d’une virgule, que l’on porte à gauche ou à droite, cela donne une simplicité et une rapidité sans exemple à tous les calculs. Il n’est pas un peuple qui ne soit frappé de cet avantage, et qui ne cherche à le réaliser. On le cherchera surtout quand il s’agira de l’unité monétaire ; car enfin, s’il est bon qu’il y ait une monnaie identique pour les échanges, il est encore mieux qu’elle puisse servir à tous les comptes, qu’elle soit décimale avec des multiples et des sous-multiples partout les mêmes. La pièce de 25 francs ne réunit pas ces conditions ; il faudra toujours des efforts plus ou moins grands pour y assujettir les calculs, et elle ne sera pas fractionnée partout de la même manière.

On dit qu’elle se rapproche plus qu’aucune autre des monnaies en cours, qu’elle apportera sous ce rapport moins de trouble dans les habitudes. Cette assertion n’est rien moins que prouvée. Nous ne connaissons guère que le florin autrichien de 2 francs 50 centimes dont elle soit le multiple par 10, et le franc de notre pays avec lequel elle puisse avoir une concordance exacte ; mais nous avons vu qu’elle ne s’accorde pas aisément avec la livre sterling anglaise. Elle se rapproche encore moins du demi-aigle américain, qui vaut 25 fr. 85 cent., du doublon espagnol, évalué à 25 fr. 95 cent. Il n’y a pas de droit de monnayage qui puisse opérer la fusion avec ces dernières pièces, il faudrait les refondre entièrement. De même pour le thaler prussien de 3 fr. 70 cent, et pour le florin du nord de l’Allemagne de 2 fr. 13 cent. Et si on prend pour base de rapprochement les termes de l’équation que les Allemands ont cherché à établir entre leurs diverses monnaies en 1857, 4 thalers = 6 florins d’Autriche, = 7 florins du nord, laquelle équation répond à peu près à 15 francs de notre monnaie, il en faudrait faire une nouvelle et dire que cinq fois l’équation allemande correspondrait à trois fois l’unité monétaire, ce qui ne laisserait pas que d’être assez compliqué. De même encore pour la Russie ; il n’y a aucun rapport possible, entre le rouble de A francs et la pièce de 25 francs.

On le voit, l’assimilation de cette dernière pièce avec les systèmes monétaires actuels n’est pas très facile, elle obligerait généralement à une refonte. Or, à tant faire que de refondre pour arriver à l’unité, il ne semble pas qu’on doive s’arrêter à moitié route et s’en tenir aux simples avantages d’une monnaie d’échange sans y joindre ceux d’une monnaie de compte ; alors on est amené forcément, soit au système français tel qu’il existe aujourd’hui, soit à celui que nous avons proposé[1], c’est-à-dire à la création de la pièce de 10 francs

  1. Voyez la Revue du 15 mare 1869.