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voyage entier s’élèvent donc pour une seule personne à près de 800 francs. Le tarif du Pacifique sera, selon toute probabilité, considérablement abaissé, et on suppose qu’en 1871 le billet de San-Francisco à New-York ne coûtera plus que 500 francs. Sous le rapport des bagages, tous les chemins de fer américains sont très larges ; à moins d’être encombré de malles ou de caisses, on n’a jamais d’excédant à payer. Le tarif alloue 100 livres de bagages à chaque voyageur.


VII

Le départ pour Omaha était fixé à six heures et demie du matin. Notre séjour à Sacramento avait été de si courte durée que nous n’avions pu prendre d’arrangement pour le transport, par une compagnie d’expédition, des volumineux bagages qui nous accompagnaient depuis notre départ du Japon. Dans les circonstances ordinaires, les bagages ne causent pas beaucoup d’embarras au voyageur en Amérique. Les modes de transport y sont très commodes et parfaitement sûrs. Quelques grandes sociétés commerciales, qui ont des agences dans presque toutes les villes de l’Amérique, se chargent de toute sorte de transports ; elles font leur service avec une louable exactitude et à des prix modérés. Le voyageur qui se trouve embarrassé d’un trop grand nombre de colis n’a qu’à les confier à l’une de ces compagnies ; il est à peu près certain de les retrouver à l’endroit indiqué. Dans les grands hôtels, ce sont les portiers qui se chargent de ces expéditions, et, si j’en juge d’après mon expérience, elles sont toujours exactement faites.

Je n’appris tous ces détails que lorsqu’il était trop tard pour pouvoir en tirer tout le parti possible. Les Américains donnent rarement des avis non sollicités, et aucun de mes amis californiens n’avait jugé utile de m’initier aux façons les plus commodes de voyager dans leur pays. « On sait toujours le mieux, dit l’Américain, ce que l’on a trouvé soi-même, » et cette maxime l’autorise à laisser à chacun l’initiative de ses actions. Je sais en effet parfaitement bien pour l’avoir « trouvé moi-même » qu’il est prudent de n’emporter avec soi pour traverser le continent que les bagages strictement nécessaires. La gare de Sacramento était remplie de voyageurs lorsque nous y arrivâmes, notre cocher s’était éloigné aussitôt qu’il s’était débarrassé de nous ; ni employés ni facteurs ne s’occupaient le moins du monde de nous et de nos bagages, et il nous fallut nous-mêmes nous charger de nos lourdes malles, de nos nombreux sacs de nuit, et de nos volumineuses provisions pour avoir les uns enregistrés, les autres déposés dans notre wagon. Tout cela prit du temps, et nous