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du bœuf primitif ou primigenius, de même que le bétail noir du pays de Galles se rattache au type du longifrons.

D’autres animaux, et le cheval en tête, pourraient bien être issus d’un type originaire unique ou du moins très uniforme ; mais quel est le point de départ véritable de cette race qui, suivant l’homme dans ses migrations, s’est étendue avec lui jusqu’aux extrémités de la terre ? Pour le déterminer, M. Darwin invoque la récurrence de certains caractères qui, renaissant après un long sommeil, sont comme un souvenir lointain des habitudes primitives. Non-seulement le cheval peut supporter un froid intense, puisque l’on en rencontre des troupes sauvages dans les plaines de la Sibérie jusqu’au 56e degré de latitude, mais il conserve longtemps l’instinct de gratter la neige pour retrouver l’herbe au-dessous. Les tarpans sauvages de l’Orient, les chevaux libres des îles Falkland, ceux du Mexique et de l’Amérique du Nord possèdent également cet instinct, qui se rattache sans doute à quelque particularité de leur vie antérieure, au sein de la contrée d’où ils sont originairement sortis. S’il en est ainsi, le cheval n’aurait été adapté au climat sec et brûlant de l’Arabie et de l’Afrique que par le fait de l’homme. C’est là pourtant qu’il a acquis ses plus nobles qualités, ses formes les plus parfaites, et que la race la plus pure s’est formée. La sélection exercée sur le cheval a créé en lui des facultés toutes particulières. Déjà bien éloignée des parens arabe et barbe dont elle est issue, la race de course anglaise possède et transmet fidèlement les particularités artificielles accumulées chez elle. Que de différences encore d’un type de cheval à un autre ! Les races insulaires et montagnardes sont généralement chétives, celles des plaines et des gras pâturages massives et de grande taille. Certaines robes, comme l’isabelle, fréquentes dans l’Europe orientale et l’Asie intérieure, sont à peu près inconnues chez le cheval de course anglais et le cheval arabe, dont il descend. Il existe cependant chez toutes les races chevalines une particularité de coloration que l’on serait tenté de regarder comme un retour vers le pelage d’un ancêtre éloigné, tant cette particularité est générale et conforme à celle qui distingue plusieurs espèces vivantes du groupe des équidés ; nous voulons parler des raies ou bandes soit dorsales, soit zébrines, qui reparaissent dans toutes les races ; elles se montrent ordinairement sur les fonds isabelle ou alezan clair, ou encore gris de souris, et s’effacent parfois avec l’âge ; d’autres fois elles se manifestent tard, et persistent alors pendant toute la vie. Ces retours de coloration sont faciles à observer chez les pigeons domestiques, divisés maintenant en une infinité de races et de variétés, qui toutes cependant paraissent provenir du seul pigeon de roche ou biset. Le caprice des amateurs, la passion de la nouveauté et même de la bizarrerie, engendrent peu à peu ces