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les enfans des deux sexes sont réunis dans les mêmes écoles, il y a beaucoup moins d’attraction entre eux que lorsqu’ils sont élevés dans des écoles séparées. Ils sont les uns pour les autres comme des frères et des sœurs. A New-York, les trois écoles, primaire, élémentaire et supérieure, sont souvent réunies dans le même local ; mais les classes, les récréations et les entrées sont distinctes. Au premier étage par exemple, il y aura une école primaire mixte, à l’école supérieure une grammar-school de filles, et dans l’étage au-dessus une de garçons. Dans les écoles mixtes, les garçons sont d’un côté et les filles de l’autre. Les filles sont congédiées avant les garçons. Dans l’école secondaire de Bigelow-south-Boston, école très bien dirigée, les sexes sont réunis, et même dans les classes les pupitres sont entremêlés. Dans les classes supérieures, le nombre des filles dépasse le plus souvent celui des garçons. A Providence, où toutes les écoles-sont mixtes, le nombre des filles est double de celui des garçons. A Springfield (Massachusetts), en 1868, il y avait 85 filles et 45 garçons.

Les directeurs du collège d’Oberlin allèguent, pour justifier cette réunion dans un même établissement et cette participation aux mêmes études des jeunes gens des deux sexes, une expérience de plus de trente années, pendant lesquelles ils n’ont eu aucun abus à signaler. Il résulte d’abord de cette réunion une grande économie d’argent et de forces. Tous les moyens d’instruction, tant en ce qui concerne le matériel des classes et les instrumens de travail qu’en ce qui touche le nombre des professeurs, choisis parmi les hommes les plus distingués, devraient être doublés, si les sexes étaient élevés séparément. L’organisation du collège donne donc le plus haut degré d’instruction au plus grand nombre d’élèves avec le moins de dépense possible. Ce système est aussi tout à fait à l’avantage des familles. Le plus souvent les frères et les sœurs viennent à Oberlin suivre ensemble les cours, ce qui pour les uns et les autres produit les meilleurs effets. Chacun d’eux se trouve heureux de la présence de l’autre. La sœur a dans son frère un soutien naturel. C’est le désir de rapprocher ainsi les membres d’une même famille qui devient dans beaucoup de localités l’occasion de l’établissement d’une école supérieure de filles dans le voisinage d’un collège de garçons. L’un et l’autre gagnent à ce rapprochement. Seulement il faut beaucoup plus de surveillance lorsqu’ils étudient dans des établissemens séparés que lorsqu’ils sont réunis dans le même. Autre considération importante : il s’établit entre les élèves des deux sexes s’appliquant aux mêmes études une émulation et une ardeur de bien faire qui manquent dans les collèges où les sexes sont séparés, ou qu’on ne peut entretenir qu’au moyen d’honneurs et de récompenses qui ne