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grammaticales. Sous le nom de philosophie domestique, home philosophy, j’ai vu avec plaisir s’organiser un cours analogue à ceux que l’on commence à comprendre parmi les cours d’enseignement secondaire institués en France pour les jeunes filles. Il est encore tout récent. Le programme, qui me paraît rédigé d’après un livre de Mlle Beecher[1], est, comme les programmes de toutes les écoles, trop étendu pour que les jeunes élèves puissent l’embrasser dans toutes ses parties. Il comprend l’anatomie, la physiologie, l’hygiène, l’esthétique, la science culinaire, la floriculture et l’horticulture. Ces différens cours sont placés sous la direction d’un médecin. En somme, bien que le point de vue pratique doive y dominer, cet enseignement n’est point conçu de manière à former d’habiles ménagères et d’utiles maîtresses de maison. Si ces jeunes filles étaient chargées chacune à son tour de la direction de quelques-unes des branches de l’administration matérielle de l’établissement, comme cela se fait dans nos bonnes institutions de demoiselles, et si le cours d’économie domestique avait pour objet spécial d’apprendre tout ce qu’une femme doit savoir pour le gouvernement de son intérieur, il rendrait certainement plus de services que ces études d’anatomie, de physiologie, d’horticulture, qui ne peuvent être que fort superficielles. La durée des études au Rutger’s college est de six années ; les deux premières sont pour le département préparatoire et le département académique ; les quatre autres appartiennent spécialement à l’enseignement collégial. Les élèves obtiennent après ce temps un brevet correspondant au grade de bachelier ès arts.

M. Mathieu Vassar, enrichi par le commerce, conçut la pensée de consacrer sa fortune à la création d’un grand établissement d’éducation pour les jeunes filles. Elles devaient y recevoir la même instruction que celle qui est donnée aux jeunes gens dans les meilleurs collèges des États-Unis. Pour l’accomplissement de ce projet, M. Vassar se mit en rapport avec les savans et les hommes des différens pays qui s’étaient occupés le plus activement d’élever le niveau de l’enseignement des femmes. Ce fut en 1861 qu’il mit à exécution un plan qui avait été pour lui l’objet de longues études et de sérieuses méditations. Le moment où la législature de l’état de New-York, acceptant l’offre de M. Vassar, prononça l’incorporation de ce collège de jeunes filles à l’université, est une date importante dans l’histoire de l’éducation publique aux États-Unis. Le droit des femmes à une instruction supérieure y était reconnu. Elles étaient

  1. A Treatise on domestic Economy for the rise of young ladies at home and at school, by miss Catherine E, Beecher ; New-York 1867.