Page:Revue des Deux Mondes - 1869 - tome 83.djvu/1025

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à des fleurs écloses dans la fange, sa vie à un feu d’artifice aux couleurs étincelantes, mais qui ne laisse bientôt qu’une épaisse fumée. »

Ce que nous avons dit et ce que nous avons cité suffira sans doute pour faire connaître ce qu’est le livre de M. de Sybel ; il n’offre de récit proprement dit que pour les complications diplomatiques se rattachant à l’histoire révolutionnaire ; sur les scènes et les hommes de la révolution même, l’auteur donne des considérations politiques et des portraits plutôt qu’une véritable histoire.

Il n’y a pas lieu de douter que des publications pareilles à celles que l’Allemagne nous envoie n’excitent beaucoup d’intérêt en France. Ces livres, puisés aux meilleures sources, apporteront de grands secours aux nouveaux historiens de la période révolutionnaire. Déjà les volumes de M. d’Arneth ont servi à corriger beaucoup d’erreurs, de traditions erronées, de préjugés funestes. Ils n’ont pas réussi toutefois à couper court à la diffusion parmi nous de faux documens que les avertissemens de la critique n’empêchent pas de se produire encore. Gardons-nous de les accueillir ; ajoutons aux lumières venues des archives étrangères celles que nous apporterait l’entière connaissance de nos propres archives, et nous donnerons enfin à l’Europe l’intelligence complète d’une période où se retrouvent les germes de ses futures destinées.


A. GEFFROY.



La Chaleur solaire et ses applications industrielles, par M. A. Mouchot, 1 vol. in-8o ; Gauthier-Villars.


Toutes les forces naturelles que l’homme utilise pour ses besoins prennent leur source dans la chaleur solaire ; sir John Herschel a fait déjà cette remarque, pleine de justesse. « Ce sont les rayons du soleil, dit-il, qui donnent naissance aux vents ; ce sont eux qui obligent les eaux de la mer à circuler en vapeur, à produire les sources et les rivières ; leur action vivifiante élabore les végétaux qui alimentent les animaux et l’homme, et qui constituent les strates charbonneux où celui-ci a su trouver un immense dépôt de force vive. » Mouvemens de l’air, chutes d’eau, machines à vapeur, moteurs, animés, toutes ces manifestations de la force dont nous sommes redevables au soleil, il ne les détermine néanmoins que d’une manière détournée et au moyen de ce qu’on appelle en mécanique une série de transformations de mouvement. Restait à savoir si on ne pourrait pas employer directement ses rayons à produire un travail industriel, à élever de l’eau, par exemple, ou à chauffer une chaudière.

Tel est le problème à la solution duquel Salomon de Caus semble un des premiers avoir appliqué l’ardeur novatrice et la perspicacité de son esprit. Il a laissé les dessins d’une pompe mue par le soleil. Il n’a manqué jusqu’ici à cette idée, pour devenir tout à fait pratique, que