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LA
VARIATION DES PRIX
DANS LES CHOSES DE LA VIE

Une des questions les plus importantes de l’économie politique est à coup sûr celle des changemens qui ont eu lieu dans Le prix des choses depuis un certain nombre d’années. Tout le monde est frappé de ces changemens, tout le monde reconnaît qu’il en coûte aujourd’hui en général beaucoup plus cher pour vivre qu’il y a vingt ans; mais on ne s’en explique pas bien les causes. Pour les uns, et c’est l’opinion la plus répandue, celle qui sert d’argument pour l’élévation des traitemens et d’excuse pour l’accroissement des budgets, la cherté est une conséquence immédiate de l’influence des mines d’or; les métaux précieux, devenant tout à coup beaucoup plus abondans, ont diminué de valeur, et le prix des choses s’est élevé en proportion. Cette explication en effet paraît toute naturelle. La production annuelle des métaux précieux, qui avant 1848 pouvait être de 450 millions, est montée, après la découverte des mines de la Californie et de l’Australie, à plus de 1 milliard. Cette situation dure depuis tantôt seize ou dix-sept ans, en prenant seulement pour point de départ l’époque où les gisemens aurifères ont commencé à être exploités sur une vaste échelle. Or, comme on a vu se déclarer en même temps l’élévation du prix de la plupart des marchandises, on a été frappé de la simultanéité des deux phénomènes, et il était difficile de ne pas mettre entre eux la relation de cause à effet. Pour quelques personnes, cette élévation des prix s’explique par des considérations économiques qui n’ont