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LA
SCIENCE DES RELIGIONS
SA METHODE ET SES LIMITES

VI.
LES ORTHODOXIES[1]

Toutes les religions qui ont paru sur la terre jusqu’à ce jour ont revêtu la forme d’orthodoxies. Un ensemble d’idées, de symboles et de rites auquel se rattache une organisation sacerdotale plus ou moins complète, voilà bien ce que l’on entend par ce mot ; mais il implique en même temps l’exclusion de toute doctrine, de tout culte et de tout sacerdoce étranger : chaque orthodoxie a pour opinion qu’elle est la seule bonne et la seule vraie. On n’a presque pas vu d’églises pour lesquelles l’intolérance ainsi entendue n’ait été un principe fondamental et une condition d’existence. Quelques églises bouddhiques, celle de Siam par exemple, ont professé une certaine tolérance à l’égard des communions étrangères ; mais, si le sacerdoce bouddhiste a pu servir de type et de modèle à d’autres organisations cléricales, les doctrines du bouddhisme, ses rites et ses symboles sont si philosophiques et sa morale est si humaine que, seul peut-être de toutes les religions, il n’apportait dans le monde aucun élément idéal d’hostilité. Il aurait pu en être de même du christianisme, si, demeurant fidèle à son origine orientale et à la

  1. Voyez la Revue du 15 août 1868.