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présentent un nombre considérable d’élèves. Toutefois nous ne devons pas perdre de vue que la plupart des artistes espagnols sont venus demander à Paris ou à Rome le complément ou la consécration de leurs études.

L’Angleterre, qui a beaucoup fait pour l’enseignement populaire du dessin, semble peu se soucier jusqu’à présent d’encourager les études supérieures d’art. L’industrie n’en a que faire, et on a été d’abord au plus pressé. Il y a pourtant un certain mouvement dans les académies du royaume-uni, tant en Écosse qu’en Irlande. L’académie de Londres est constituée sous le patronage royal. Elle se compose d’artistes distingués. On choisit annuellement les plus capables d’enseigner pour donner les leçons aux élèves, admis sur preuve d’un savoir suffisant. Ceux qui aspirent à être élèves en peinture, sculpture, gravure, doivent satisfaire à un examen d’anatomie, connaître le squelette, nommer les muscles superficiels, en indiquer les insertions et les usages. Les élèves d’architecture ont à faire constater qu’ils ont reçu une éducation première soit à l’académie d’architecture ou à l’institut royal des architectes anglais, soit dans les écoles du département de science et d’art, au Collège du roi, à celui de l’université ou dans tout autre établissement de ce genre. L’enseignement est entièrement gratuit. Les études se divisent d’ailleurs en deux parties essentiellement distinctes, celles d’après l’antique, celles d’après le modèle vivant nu ou drapé. Signalons ce fait caractéristique qu’en aucun cas, à moins qu’ils ne soient mariés, on n’admet dans l’atelier où l’on dessine le modèle de sexe féminin des jeunes gens qui n’aient pas atteint leur vingtième année. Pour passer des ateliers de l’antique à ceux du modèle vivant, on subit une épreuve qui consiste à reproduire sous un grand nombre d’aspects différens, dans un temps déterminé et assez court, une même figure. Quelques-uns des encouragemens, qui sont nombreux, sont distribués tous les ans, d’autres tous les deux ans seulement. Les jugemens sont prononcés le 10 décembre, jour anniversaire de la fondation de l’académie. Les prix consistent en livres à riche reliure, en médailles d’argent et d’or, en pensions qui peuvent être renouvelées, en un grand prix auquel est attachée une allocation de voyage. Chacune des classes de l’académie désigne tour à tour le lauréat qui va poursuivre pendant deux ans ses études sur le continent. On ne le fait partir cependant qu’en temps de paix. Il reçoit 1,500 francs pour son déplacement et 2,500 francs par an pour ses dépenses. Qu’il quitte l’Angleterre ou ne la quitte pas, l’élève lauréat est tenu de fournir des preuves de son travail. Il est toujours soumis au conseil de l’académie, qui peut le rappeler sous la sanction de la signature royale et suspendre sa pension pour cause d’immoralité ou de mauvaise conduite. Les personnes