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gratuitement des copies de tableaux et de statues, et l’académie lui adressera ses observations.

Avant son départ pourtant, il a encore des examens à passer. On veut s’assurer qu’il est en situation de profiter de son séjour à l’étranger, qu’il a des notions exactes même sur les choses qui ne sont pas du domaine de l’art, sur l’anthropologie, sur la science en général, sur les lettres. Il doit répondre sur ces matières. On le laisse partir immédiatement, s’il se tire bien de cette épreuve ; sinon le jury indique en quoi il l’a trouvé insuffisant, et l’ajourne à un autre examen. On accorde au besoin un subside pour les frais de cette éducation tardive, de ce cours d’adulte, car le lauréat peut avoir trente ans. S’il ne réussit pas au troisième examen, il perd ses droits à la pension.

L’école italienne est née des traditions de Byzance. Bien que Sienne soit le berceau de la peinture et Pise celui de la sculpture, ces deux villes ne semblent pas les premières avoir eu des académies. Venise, la cité commerçante en rapport avec tout l’Orient, voit ses peintres se former en compagnie dès la fin du XIIIe siècle, Florence suit d’assez près. Ces compagnies ne sont guère alors que des associations d’artistes sous le patronage de saint Luc, l’évangéliste à qui l’on faisait rétrospectivement honneur d’un goût déterminé pour les arts. Le saint assumait après coup la responsabilité d’un certain nombre de vierges ou madones, œuvres d’un certain Luc, Florentin qui sans songer à mal lui avait emprunté son nom. Les confrères peintres de Sienne ne se réunirent en société que vers la moitié du XIVe siècle. Leurs séances générales se tenaient dans les églises. La religion autant que l’art était le lien de ces confréries. A la fin du XIVe siècle apparaissent les académies. Milan donne l’exemple, Galéas Visconti fonde l’académie d’architecture. L’académie des arts est instituée par Ludovic Sforze. Or il ne s’agit plus ici de confrérie seulement ni d’association pieuse. L’académie est une école. Grande espérance, c’est Léonard de Vinci qui la dirige, et le peintre ingénieur, le poète philosophe, l’homme au savoir encyclopédique ne regarde pas ses fonctions comme une sinécure. Il paie de sa personne, il perpétue ses leçons en écrivant les traités qu’il destine aux élèves et aux professeurs.

L’ancienne capitale du monde romain, celle de l’art sous la renaissance, eut assez tard une académie. Alors que les plus illustres peintres de l’Ombrie et de Rome étaient vivans, qu’était-il besoin sur le territoire du pontife-roi de ce que nous appelons aujourd’hui des écoles, d’établissemens publics recevant une subvention pour répandre le goût d’une chose qui était aimée de tous ? Pour l’enseignement, les ateliers des maîtres suffisaient. Les corporations et les confréries avaient d’ailleurs leurs novices et leurs apprentis ;