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il existe à la préfecture même une réserve formée de 5 brigades dites centrales, composées de 50 hommes chacune, et qu’on a surnommées les vaisseaux, parce que ceux qui en font partie, au lieu des numéros et des lettres d’ordre, portent les armes de la ville brodées au collet. Ces agens sont employés à certains service spéciaux ; ils occupent le poste des halles, sont envoyés aux Champs-Elysées, au bois de Boulogne, aux expositions, aux théâtres, aux fêtes publiques, aux revues, et sont mis en mouvement aussitôt qu’un cas exceptionnel se présente. Ce sont eux qui donnent dans les grands momens font les grosses besognes ; aussi n’entretiennent-ils pas des relations empreintes d’une cordialité irréprochable avec la population, qui les appelle volontiers les cognes. Une brigade également désignée par le vaisseau est exclusivement chargée du service des voitures publiques et d’appliquer les punitions administratives prononcées pour contraventions. La présence de tous ces agens dans les milieux encombrés par la foule procure une sérieuse sécurité relative à la ville de Paris, où tous les jours plus de 1,800,000 personnes sont en action. Leur aspect seul paralyse bien des malfaiteurs. On en à une preuve convaincante par ce qui s’est passé à l’exposition universelle de 1867. On se rappelle la cohue qui s’y entassait, les tentations de toute sorte qui semblaient attirer la main des filous ; grâce à la vigilance et à l’uniforme protecteur des sergens de ville qu’on apercevait dans chaque travée, dans chaque salle, presque devant chaque boutique, les vols ont été fort rares. Les déclarations reçues du 4 avril au 3 novembre inclusivement, c’est-à-dire pendant une période de sept mois, se sont élevées au chiffre de 169 ; une seule avait de l’importance, et constatait un vol de 36,800 francs commis dans la vitrine de M. Froment-Meurice le lendemain de la clôture définitive de l’exposition.

Ce n’est pas tout de surveiller la voie publique et d’assurer l’exécution des règlemens de police ; il faut connaître cette population flottante, sans domicile fixe avoué, qui se déplace avec une facilité extrême et offre presque invariablement les élémens les plus nombreux aux statistiques criminelles. Le service spécial des garnis est chargé de cette besogne, qui parfois est assez délicate, et dont l’expérience a constaté l’utilité. Une ordonnance du 15 juillet 1832 contraint les logeurs, sous peine d’encourir l’application des articles 475 et 478 du code pénal, à tenir un registre sur lequel ils inscrivent le nom et la profession de tous les individus qui prennent demeure dans leur maison. Chaque jour, 156 agens parcourent, selon un itinéraire indiqué, les quatre-vingts quartiers de Paris, et relèvent chez tous les logeurs le nom des personnes mentionnées sur le livre de police, qu’ils frappent d’un visa indicatif. Il n’y a point d’exception à cette règle. Les agens visitent aussi bien les