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L'ALLEMAGNE
DEPUIS LA GUERRE DE 1866

IX.
LE CONCORDAT AUTRICHIEN.

Parmi les difficultés que rencontré la régénération de l’Autriche, l’une des plus grandes est celle qui naît du règlement des rapports de l’église et de l’état. L’antagonisme des nationalités semblait menacer l’empire de dangers plus imminens, de luttes plus redoutables ; mais déjà les anciennes rivalités, naguère soigneusement entretenues par le despotisme et aggravées par l’ignorance, commencent à se dissiper sous la bienfaisante influence des lumières et de la liberté. Sans doute tous les griefs ne sont pas oubliés, toutes les hostilités ne sont pas éteintes : en Bohême, les Tchèques résistent toujours ; en Galicie, les Polonais réclament une autonomie plus complète ; en Hongrie, en Croatie, en Transylvanie, des minorités nombreuses et ardentes protestent contre les compromis acceptés par les diètes. Il n’en est pas moins certain qu’un grand apaisement s’est produit[1]. L’attention générale se tourne vers les questions

  1. Il ne faut pas que le résultat des récentes élections en Hongrie induise en erreur sur ce point. L’hostilité contre les Autrichiens, contre les Slaves, a beaucoup diminué. C’est seulement l’opposition contre l’Ausgleich, c’est-à-dire contre la forme actuelle du dualisme, qui s’est fortifiée. J’avais indiqué ce danger dans une précédente étude (voyez l’Autriche et sa constitution nouvelle, 1er avril 1868). Le défaut grave de la constitution nouvelle de l’empire-royaume, c’est qu’elle est menacée du moment que le parti de l’opposition triomphe. Or toute organisation politique qui ne peut fonctionner que si le parti conservateur reste au pouvoir est une organisation vicieuse. Établie en France ou en Hongrie, elle doit conduire a une révision ou à une révolution.