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prépondérante du gouvernement central; elles sont encore aujourd’hui soumises dans une juste mesure à l’action dirigeante de conseils provinciaux. Il n’est pas moins remarquable que les programmes des études aient fait une large place aux sciences modernes tout en restant fidèles au culte des humanités.

Ce que l’on appelle ailleurs l’enseignement secondaire se donne dans l’Allemagne du nord en des établissemens de diverses catégories, suivant l’âge des élèves et la nature des études qu’ils veulent suivre. Les enfans débutent aux écoles préparatoires (Vorschulen), où ils restent jusqu’à dix ans; s’ils subissent avec succès à cet âge un examen qui porte sur les matières d’enseignement des premières années, ils sont admis dans une école plus élevée, soit au gymnase, soit à l’école réelle. Les gymnases sont l’équivalent de nos lycées français, à cela près que les classes inférieures manquent. Les études y sont réglées sur un plan uniforme pour tout le royaume de Prusse en vertu d’arrêtés ministériels; mais il n’y a pas, comme en France, d’étroits programmes. Le professeur se meut à l’aise dans le cadre que le règlement lui trace. Seulement on ne tolérerait pas qu’il donnât à son enseignement un caractère pratique ou professionnel. On a jugé avec raison que les études de l’adolescence doivent avoir pour but de développer les facultés naturelles du jeune homme plutôt que de le préparer à l’exercice d’une profession. A côté des gymnases, qui conduisent aux universités et par conséquent aux professions, comme le droit ou la médecine, pour lesquelles une instruction supérieure est requise, les écoles réelles (Realschulen) reçoivent ceux dont l’éducation doit se terminer plus vite. Le nom seul de ces dernières institutions, de création assez récente, dit assez bien le but qu’elles se proposent. Sans renoncer à cultiver l’intelligence par des études d’une portée générale, on veut que les élèves acquièrent des notions utiles, qu’ils pénètrent dans la réalité des choses. On avait essayé d’introduire ce mode d’enseignement dans plusieurs écoles de l’Allemagne du nord, il y a près de cent ans; mais il ne répondait pas alors à un besoin bien senti. L’accroissement tout moderne du commerce et de l’industrie en a mieux fait apprécier le bienfait. Les écoles réelles qui existaient en 1859 ont reçu à cette époque une organisation uniforme en même temps que l’état en rendait la création plus facile dans les villes qui n’en possédaient pas. Le programme des études n’y est point exclusivement scientifique, et le latin s’y maintient à une place honorable jusqu’à la fin des classes; les mathématiques et les sciences naturelles ont la plus large part, l’instruction religieuse n’est pas négligée, et les langues étrangères, le français notamment, sont cultivées avec soin.