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suivantes : 1° que les troupes turques eussent à évacuer immédiatement les principautés de Valachie et de Moldavie, et que l’on se hâtât de rétablir les choses comme elles étaient avant 1821 ; 2° qu’une commission turque fût envoyée dans un lieu du territoire russe qui serait fixé par la Russie, où l’on réglerait toutes les contestations qui avaient surgi sur l’interprétation du traité de Bucharest ; 3° qu’on mît sans délai en liberté les députés serbes jusque-là gardés comme otages et retenus prisonniers dans l’enceinte du sérail.

Quelle que fût la fierté de Mahmoud, il consentit à tout ; bien plus, malgré les habitudes temporisatrices de la diplomatie ottomane, le divan de Constantinople s’exécuta immédiatement. Les députés serbes, captifs depuis six ans sous les murs du sérail, furent mis en liberté ; des commissaires tares se rendirent à Akermann, lieu désigné par le cabinet russe pour la conférence qui devait fixer l’interprétation du traité de 1812 et régler le sort de la Serbie. On ne s’expliquerait point de la part du sultan Mahmoud ce prompt acquiescement, si l’on négligeait de dire dans quelles circonstances s’était produit l’ultimatum moscovite. C’était le moment où Mahmoud, accomplissant un projet conçu depuis le renversement et le meurtre de Sélim III, préparait la destruction des janissaires. Trois mois plus tard, en juin 1826, cette milice orgueilleuse était anéantie. Pour frapper un coup si hardi, le sultan avait besoin de la paix. C’est ainsi que dès les premiers jours d’avril le divan s’était empressé de donner satisfaction aux Russes. Les commissaires des deux gouvernemens, s’étant réunis à Akermann, signèrent, le 25 septembre 1826, une convention dont nous citerons seulement l’article 5, relatif au sujet qui nous occupe.


« La Sublime-Porte, désirant donner à la cour impériale de Russie une preuve de ses dispositions amicales et de zèle à la rigoureuse exécution du traité de Bucharest, remplira aussi les clauses indiquées par l’article 8 dudit traité concernant les Serbes, sujets ab antiquo de l’empire ottoman, auquel ils paient un tribut annuel qui leur donne droit aux faveurs du sultan et à sa magnanimité. La Sublime-Porte prendra, d’accord avec les députés serbes, les mesures nécessaires pour régulariser convenablement et confirmer la concession des privilèges principaux stipulés par ce traité, qui serviront à la Serbie de juste récompense pour sa fidélité passée, en même temps qu’ils seront un gage pour sa fidélité dans l’avenir envers l’empire ottoman.

« Les hautes parties contractantes, ainsi qu’il a été déclaré dans l’acte particulier annexé et conclu entre les plénipotentiaires respectifs, ont reconnu nécessaire de fixer un terme de dix-huit mois pour les conférences relatives à cet objet, après quoi les déterminations prises sur les points précités, d’accord avec la députation serbe à Constantinople, seront