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LE CHRISTIANISME
ET
LA SOCIETE FRANCAISE


I.

« L’histoire de l’humanité, l’intelligence des idées, des conduites et des situations diverses qui s’y sont manifestées, la religion en général et la religion chrétienne en particulier considérées comme un grand fait, — un fait universel et permanent dont la trace se retrouve partout et dans tous les temps, même chez les païens, un fait qui survit aux divisions, aux luttes scientifiques, aux guerres civiles survenues entre les chrétiens eux-mêmes, notamment entre les catholiques et les protestans, tous chrétiens au même titre sinon au même degré, un fait à la fois humain et divin, humain par son accord avec la nature humaine, divin par l’action directe et surnaturelle de Dieu, du Dieu créateur, personnel et libre, dont la présence et la puissance se révèlent tantôt par le cours général et permanent des lois des choses, tantôt par les miracles spéciaux qu’il juge nécessaires pour l’accomplissement de ses desseins, — la foi chrétienne ainsi rattachée à toute la vie du genre humain, le principe du surnaturel et les miracles comme les dogmes chrétiens hautement proclamés, mais sans controverse, sans appel à une domination extérieure et exclusive, l’hommage rendu aux droits de la conscience simple et droite en même temps qu’aux traditions bibliques et à l’autorité ecclésiastique, n’est-ce pas là le christianisme présenté sous l’aspect le plus propre à ne pas effaroucher les esprits contraires et à rallier les esprits incertains ? »