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l’élément agricole. Le groupe rural du pays de Retz serait ainsi constitué dans les conditions mêmes qu’impose la nature des choses. Il aurait son champ de production, ses voies ferrées et un port convenablement placé pour l’exportation de ses produits. Parmi les ressources que possède la population agricole du bas de la Loire, il en est une, tenant au voisinage de la mer, dont le chemin de fer viendrait, à son propre avantage, augmenter aussi l’importance. Ce n’est pas déjà sans un notable bénéfice pour la contrée que se sont développées sur les côtes les stations où les visiteurs affluent durant la belle saison. Sur la rive gauche comme sur la rive droite, les villages et les villes où des bains de mer ont été établis depuis quelques années se succèdent presque sans interruption. Dans le pays de Retz, autour de Pornic, centre actif de tout ce mouvement, comme le Croisic de l’autre côté de la rivière, on a vu quelques localités, naguère ignorées et pauvres, devenir rapidement des centres recherchés et prospères.

Ce qui frappe en définitive dans l’un et l’autre rameau du groupe rural de la région du bas de la Loire, c’est partout, au milieu de la diversité des situations, une évidente similitude dans les aspirations et dans les besoins. Tout peut s’y ramener sous ce rapport à deux points essentiels. — D’un côté, il importe de développer l’instruction, surtout l’instruction agricole. Sur la rive droite du fleuve, le premier intérêt des habitans de la Brière, si volontiers dédaigneux de la culture, c’est d’apprendre à tirer meilleur parti de leurs terres en échappant à des pratiques négligentes et routinières. Dans les localités où l’agriculture est le plus avancée, comme dans le pays de Retz et dans certains districts de la partie septentrionale de l’arrondissement de Saint-Nazaire, le développement des connaissances spéciales fera disparaître peu à peu les derniers vices de l’exploitation. D’un autre côté, la nécessité de voies nouvelles de transport est commune à toute la contrée. — Ainsi un progrès dans l’ordre matériel et un progrès dans l’ordre moral, telle est la dernière résultante de l’observation dans les petits groupes comme dans les grands. Partout même condition aujourd’hui pour un succès solide et durable : l’homme a besoin de savoir plus et de valoir mieux.


A. AUDIGANNE.