Page:Revue des Deux Mondes - 1869 - tome 79.djvu/195

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la présidence au cardinal Fesch, de motiver sa nomination sur le prétendu choix du concile[1].

Au nombre des questions qui se traitèrent également dans les conférences particulières tenues chez le cardinal Fesch, il faut noter une discussion assez vive à propos du sceau que le concile adopterait pour l’apposer à ses actes. Fallait-il ou ne fallait-il pas que la croix, qui devait tout naturellement former le fond des armes d’une pareille assemblée, fût placée sur un champ d’abeilles? L’évêque de Gand soutint que la croix seule suffirait sans les abeilles; plusieurs de ses collègues tenaient au contraire aux abeilles. On les mit aux voix, mais elles ne passèrent pas. C’était un peu singulier. Ce qui le fut davantage, c’est que peu de jours après on n’en lisait pas moins dans le cérémonial imprimé pour servir au concile : « Le sceau du concile portera une croix tréflée et rayonnante sur un champ d’abeilles[2]. »

Après cette discussion un peu puérile, il fut question de charger une commission de recueillir les griefs dont l’église avait à se plaindre de la part de l’autorité civile; mais, le concile une fois ouvert, on n’entendit plus parler de cette proposition. « Ce n’était pas pour s’occuper d’un pareil soin qu’il avait été convoqué, » remarque assez tristement le véridique M. Jauffret. Ajoutons que la composition même du futur concile laissait singulièrement à désirer, et ne justifiait à aucun point de vue son titre de concile national. Appliquée à la France, cette dénomination manquait de vérité, car les évêques italiens s’y trouvaient également convoqués. Elle n’était pas plus juste en ce qui regardait la France et l’Italie réunies et considérées comme ne formant plus qu’un seul empire, car les évêques d’outre-monts étaient alors en partie emprisonnés, en partie éloignés de leurs sièges. Quoique les provinces italiennes soumises à la domination française comptassent 152 sièges épiscopaux, il n’y eut que 42 de ces prélats qui assistèrent aux délibérations du concile. Parmi les évêques de France, presque tous au contraire furent présens, à l’exception des titulaires des sièges du Mans et de La Rochelle, retenus chez eux par leurs infirmités. L’archevêque de Bourges venait de mourir. L’évêque de Séez n’avait point été convoqué parce que l’empereur lui avait fait donner sa démission. Au jour de l’ouverture définitive du concile, c’est-à-dire le 17 juin, les membres se trouvaient donc au nombre de 95, ne représentant pas en réalité la moitié des sièges réunis de l’église de France et d’Italie.

  1. Voir le Moniteur du 20 juin 1811.
  2. Cérémonial du concile national; Paris, Adrien Le Clère, juin 1811.