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est autrement de celui de Montpellier. La superficie en est de 5 hectares et demi, il contient une école botanique ou 2,800 espèces sont rangées suivant la méthode naturelle avec les divisions que de Candolle y a lui-même introduites lorsqu’il était directeur du jardin. Une orangerie, une serre basse et une grande bâche abritent les végétaux délicats pendant l’hiver. L’école de plantes officinales, une école forestière et des promenades agréablement ombragées occupent le reste de la surface. Un herbier considérable, un petit musée, une bibliothèque qui ne s’accroît pas, complètent ce modeste établissement. En 1860, le ministre de l’instruction publique ordonna la construction d’une grande serre, et la ville acquît un hectare de terrain pour la placer convenablement ; mais, malgré cet agrandissement, le fonds d’entretien est resté ce qu’il était sous le premier empire, 8,320 francs pour le personnel et 4,300 fr. poulie matériel ; en tout 12,620 fr. donnés par l’état et 200 fr. par la ville. Ce total dérisoire rend toute amélioration impossible, et suffit à peine à maintenir ce qui existe. La grande serre est à peu près vide faute de houille pour la chauffer en hiver et d’un jardinier pour la soigner. L’hectare nouvellement acquis, planté en luzerne, reste fermé au public. Ainsi, dans une ville qui s’enorgueillit d’être la capitale scientifique du midi, le second jardin botanique de la France a la même allocation annuelle qu’en 1813. Le bon vouloir du ministre de l’instruction publique est paralysé par l’exiguïté de son budget, et le chef de l’administration municipale ne prélève sur un revenu annuel d’un million que 200 francs pour contribuer à la prospérité d’un jardin antérieur à celui de Paris, berceau de la botanique française, connu dans le monde entier et illustré par les travaux de Richer de Belleval, Maguol, de l’Ecluse, Lobel, Sauvages, Cusson, Broussonnet, de Candolle, Gouan, Delile et Dunal.

Plus d’un lecteur, arrivée la fin de cette étude, se dira peut-être que l’infériorité de nos jardins botaniques comparés à ceux de l’Angleterre n’est après tout qu’un détail auquel l’amour-propre national ne saurait être bien sensible. Penser ainsi, c’est oublier que tout se tient dans le domaine des sciences. Les sources d’instruction, les moyens de travail qui manquent au botaniste, font également défaut au zoologiste et au géologue. Tous se sentent également, paralysés. Depuis longues années, les professeurs de l’université réclament au nom de la science : satisfaits de leur modeste position, s’ils importunent les ministres., c’est dans l’intérêt des établissemens qui leur sont confiés ; ce sont des soldats qui demandent des armes et ne sollicitent pas de grades. Vaines réclamations ! rien ne change. En histoire naturelle, nous sommes stationnaires depuis trente ans, tandis que tout est en progrès autour de nous. Le