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derrière la vitrine ; au Brésil, une autre espèce du même genre est employée aux mêmes usages. Le dattier donne ses fruits, son tronc se débite en poutres et en planches. Avec les fibres des feuilles, on tresse des paniers, et les feuilles étiolées fournissent des palmes blanches aux hauts dignitaires ecclésiastiques de Rome et de l’Espagne pour les cérémonies de la semaine sainte : c’est la culture principale du village de San-Remo, près de Vintimille, et d’Elche, près d’Alicante. Les usages du cocotier sont aussi nombreux, disent les insulaires polynésiens, que les jours de l’année : la graine renferme une amande agréable au goût et un liquide sucré ; avec les fibres, on fabrique des brosses, on tresse des chapeaux ; les noix servent de coupes, et en Océanie on les cisèle souvent avec beaucoup d’art. Du suc qui coule des incisions pratiquées au pédoncule du fruit, on fait une boisson, l’arrack, dont on tire de l’alcool et du vinaigre ; de la partie charnue de la graine, on extrait de l’huile, de la stéarine, de l’oléine ; les jeunes feuilles servent d’aliment, et les vieux troncs fournissent du bois d’ébénisterie. Un autre palmier de l’Afrique occidentale (Elais guineensis) donne de la glycérine, de l’acide palmitique, une huile qui, importée en Angleterre sous le nom d’huile de palme, sert à la fabrication de bougies et de veilleuses. Tous ces produits figurent rangés méthodiquement les uns à côté des autres. Près d’eux sont un poème hindou écrit sur les feuilles du Borassus flabelliformis, une noix double du coco des Seychelles admirablement sculptée qui servait de tasse à un fakir, de la cire jaune du Ceroxylon andicola, et la fécule en grains, en farine et sous forme de gâteaux du Sagus lœvis, palmier des Moluques et des îles méridionales de l’archipel des Philippines, enfin des hamacs du Brésil tressés avec les fibres de l’Astrocaryum vulgare et ornés de plumes.

Après cette famille exotique, choisissons-en une autre renfermant des végétaux indigènes, celle des papavéracées, par exemple, dont les pavots de nos jardins sont les types. Cette famille a des représentans dans toute l’Europe et l’Asie, la Sibérie exceptée, dans le nord de l’Afrique, les alentours de la baie de Baffin, le sud des États-Unis, le Mexique et le nord de l’Amérique du Sud. Voilà ce que nous apprend une première mappemonde. Une seconde est consacrée à la plante la plus importante de ce groupe naturel, le pavot somnifère, qui fournit l’opium. On le cultive en Égypte, en Asie-Mineure, en Perse, dans l’Inde, çà et là en Europe, pour les graines dont on exprime une huile, connue sous le nom d’huile d’œillette, qui n’épaissit point par le froid. Toute l’histoire de la préparation de l’opium est sous nos yeux, — les couteaux à quatre lames avec lesquels on fait une incision dans les capsules de la plante, la cuiller employée pour recueillir le suc, les différentes espèces