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qui se traduisent si souvent dans le port et l’aspect général de chacun d’eux. Un mât de pavillon s’élevant à la hauteur de 48 mètres est le tronc d’un pin de Douglas de l’île Vancouver. Cet arbre, dont le diamètre à la base mesure 56 centimètres, avait deux cent cinquante ans lorsqu’il a été abattu.

Nous avons souvent parlé de l’utilité d’un grand nombre de végétaux vivant en plein air ou dans les serres du jardin de Kew. Cet établissement ne serait pas complet, si le public ne pouvait pas constater cette utilité par lui-même et s’initier ainsi à la botanique appliquée. Sir William Hooker, père du directeur actuel, a fondé le premier de ces musées botaniques, qui se sont rapidement enrichis grâce aux expositions universelles de Londres en 1851 et 1862, de Paris en 1855 et 1867, aux voyages du docteur Joseph Hooker dans l’Himalaya et dans l’Inde, aux autorités coloniales anglaises, et surtout, on ne saurait trop le proclamer, au zèle et à la générosité des voyageurs anglais, qui dans toutes les contrées acquièrent des objets intéressans pour en faire hommage au musée national de leur pays. Les noms des donateurs, inscrits sur chaque objet, les signalent à la reconnaissance des amis de la science, de l’agriculture et de l’industrie. Pour relier étroitement le produit à la plante, tous les objets sont disposés suivant la famille naturelle à laquelle ils appartiennent. Ainsi le public reconnaît immédiatement que les résines sont fournies par les conifères et les térébinthacées, les médicamens amers ou toniques par les familles des gentianées, des cinchonées et des quassiées. Les solanées, les ombellifères, les strychnées et les euphorbiacées réunissent la plupart des plantes vénéneuses, tandis que les malvacées et les caryophyllées n’en présentent aucune. Deux grands bâtimens déjà trop étroits renferment tous ces produits placés derrière des vitrines. Une mappemonde suivant la projection de Mercator, coloriée dans tout l’espace occupé par la plante ou le genre dont elle fait partie, blanche sur tout le reste de la surface, montre au premier coup d’œil quelle est la distribution géographique de l’espèce ou du genre à la surface du globe. Considérons la famille des palmiers. La carte enseigne que les différentes espèces occupent toute l’Afrique, Madagascar, les Seychelles, l’Inde, la Perse, la Chine jusqu’au 30e parallèle, où les palmiers sont arrêtés par la chaîne de l’Himalaya, la moitié nord-est de l’Australie, le nord de la Nouvelle-Zélande, le Brésil, le Mexique, le Pérou et le sud des États-Unis jusqu’à New-York, enfin le littoral méditerranéen y compris la France, où le palmier nain se trouve sur quelques points des départemens du Var et des Alpes-Maritimes. En Afrique, ce palmier nain sert à faire des cordes, des cabas, des chapeaux, qui figurent