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Perse, la Chine et le Japon, une confiance que l’or européen n’a pas encore rencontrée.

La monnaie, étant la base même des transactions, le signe extérieur de la richesse, la représentation unanimement consentie de tout objet vénal, doit être entourée de garanties sérieuses. Aussi la fabrication en a-t-elle toujours été soumise à un contrôle extrêmement sévère. Sous l’ancienne monarchie, ce contrôle était exercé par la cour des monnaies, que Henri II érigea en cour souveraine par édit de janvier 1551. En 1554, le même roi fit pendre, brûler ou envoyer aux galères le président et les conseillers qui en faisaient partie, parce qu’ils avaient été convaincus de faux et de prévarications graves. Supprimée pendant la révolution, comme les autres corps privilégiés, elle fût remplacée par une administration des monnaies dont la constitution, fixée par arrêté du 10 prairial an XI, fut modifiée lorsque l’ordonnance royale du 26 décembre 1827, encore en vigueur aujourd’hui, institua la commission des monnaies et médailles. Cette commission est composée d’un président directement nommé par le souverain et généralement choisi parmi les plus illustres savans de la France, et de deux commissaires-généraux, désignés par le ministre des finances ; de cette commission relèvent le laboratoire des essais, le contrôle des monnaies, des médailles, le bureau de change, enfin toute la partie administrative chargée de surveiller l’application des lois, décrets, ordonnances, qui règlent cette matière délicate. La commission ne s’occupe en rien de la fabrication, elle constate qu’elle est régulière ou défectueuse ; mais sous aucun prétexte elle ne peut ni ne doit en diriger le mécanisme. Cette mission appartient tout entière à un directeur qui accepte l’entreprise à ses risques et périls, dont la gestion est garantie par un cautionnement de 300,000 francs, qui est rémunéré selon un tarif approuvé par l’autorité compétente, 1 fr. 50 cent. par kilogramme d’argent converti en monnaie, 6 fr. 70 cent, par kilogramme d’or. C’est à lui qu’incombe la charge d’entretenir, de remplacer les machines et de faire les frais du salaire des ouvriers, qui sont fouillés chaque soir lorsqu’ils sortent de leurs ateliers respectifs. Il y a donc là deux organisations radicalement distinctes, la fabrication et la commission ; la première est absolument soumise à la seconde, qui prononce sans appel comme cour souveraine.

Les hôtels des monnaies ont été nombreux en France, surtout pendant l’empire, lorsque Utrecht et Turin nous appartenaient ; sous le gouvernement de Louis-Philippe, ils furent réduits à quatre (Paris, Rouen, Lille, Strasbourg) ; de 1853 à 1857, sept ateliers ont concouru à la fabrication des pièces de bronze. Il n’en existe plus que trois, celui de Paris, celui de Strasbourg et celui de Bordeaux, qui