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LA SERBIE
AU DIX-NEUVIÈME SIÈCLE

deuxième partie.
KARA-GEORGE.

I.

Au moment où Kara-George, avec les knèzes et les haïdouks, établissait le foyer de l’insurrection sur les sommets de la Schoumadia[1], les deux autres provinces de la Serbie étaient le théâtre de scènes toutes semblables. Il faut se rappeler que la Serbie proprement dite est comprise entre deux lignes parallèles, au nord la Save et le Danube, au midi les Balkans. Dans ce territoire de montagnes qui s’incline des Balkans au Danube, la Schoumadia occupe le centre. Schoumadia, du mot serbe schouma, c’est la contrée des forêts. A l’ouest s’étend la vallée de la Koloubara, à l’est la vallée de la Morava. La Koloubara et la Moiava sont deux affluens de la rive droite du Danube qui descendent de la même chaîne. Représentez-vous un pays hérissé de bois et de rochers, des gorges, des précipices, des marais ; au milieu de tant d’obstacles, l’appel qui avait gagné si vite toute la Schoumadia aurait pu ne passer que difficilement d’un district à l’autre. Or le désespoir était si profond, les passions nationales si animées, que les deux provinces de l’est et de

  1. Voyez la Revue du 1er novembre.