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empereurs. Dans le cas où il refuserait de prêter ce serment, nous ne pourrons consentir à ce qu’il demeure à Rome ; mais nous consentirons à ce qu’il aille résider à Avignon, que là il ait l’administration de tout le spirituel de la chrétienté, que les puissances chrétiennes qui voudront avoir auprès de lui des chargés d’affaires ou des résidens en soient maîtresses, et que ces chargés d’affaires, résidens ou ministres aient les immunités accordées par le droit public aux agens diplomatiques, qu’il ait les honneurs souverains et la liberté de communiquer avec les églises étrangères. Quant à son temporel, 2 millions seront affectés à son entretien. Ces 2 millions, payés soit par nous, soit par tous les princes chrétiens, seront pris sur les bénéfices de la chrétienté, selon que cela s’accordera le mieux avec la manière de voir du pape. Quant à l’exercice du pouvoir spirituel du pape dans l’intérieur de notre empire, si le pape va à Rome et prête serment, nous n’exigeons rien autre chose ; s’il ne croit pas devoir prêter ce serment et qu’il aille à Avignon, nous exigerons de lui la promesse qu’il ne fasse rien dans notre empire de contraire aux quatre propositions de l’église gallicane… »

Si ces premiers articles parvenaient à être réglés, les évêques députés pouvaient assurer le saint-père du désir qu’avait l’empereur « de s’entendre avec lui pour aplanir toutes les questions subséquentes et arranger les divers objets relatifs à la gloire et à la prospérité du christianisme… » Dans leurs entretiens avec Pie VII, ils ne devaient jamais oublier qu’ils avaient été envoyés près de lui afin de lui exposer « l’état affligeant de la chrétienté et les malheurs que produisent et peuvent produire l’ignorance et l’obstination de ses conseils… (Pie VII n’avait plus aucun conseil auprès de lui). Mon intention, disait expressément l’empereur, est que vous ne vous serviez de vos pouvoirs que dans le cas où vous trouveriez le pape dans une disposition d’esprit raisonnable, et qu’éclairé par vos avis il abandonnerait l’esprit de vertige qui le conduit depuis plusieurs années. » Napoléon n’admettait d’ailleurs aucun délai ni prétexte, quel qu’il fût. « Les affaires de l’église languissaient depuis trois ans. Elles ne pouvaient traîner plus longtemps. Il était indispensable que la mission des évêques fût terminée et qu’ils fussent de retour à Paris avant le 1er juin… Faites bien connaître que dans aucun cas le pape ne peut rentrer dans la souveraineté de Rome, parce que cela serait contraire aux lois de l’empire, et parce que la France ne reconnaîtra jamais aucune influence spirituelle de la part d’un pontife qui serait souverain…. » « Vous ne manquerez pas, disait l’empereur en terminant, et comme dernière recommandation à ses dévoués mandataires, vous ne manquerez pas de prévenir le pape de la réunion du concile, et de ce que fera l’église de France, conduite par l’exemple des temps